Eglises d'Asie

Karnataka : accusée de conversion forcée et de trafics d’organes, une famille catholique qui accueille des indigents a vu sa maison détruite par une foule

Publié le 18/03/2010




Le 14 octobre dernier, au Karnataka, dans le diocèse de Shimoga, une foule de près de 600 personnes a détruit l’habitation et les plantations d’une famille catholique qui accueille une vingtaine d’indigents dans la ville de Sagar, accusant le foyer de conversion forcée et de trafic d’organes.

Les propriétaires, Baby et Lovely Thomas, font partie de l’association Friends of the Birds of the Air qui prend soin des indigents et des personnes handicapées mentales, abandonnés à leur propre sort dans la rue, en leur proposant d’aller vivre dans des familles catholiques qui les accueillent comme des membres de leur propre famille. L’association, créée en 1993 par le P. George Kuttickal, a permis d’héberger 6 000 personnes dans 130 foyers à travers le pays.

Selon le P. George Kuttickal, interviewé par l’agence Ucanews, le couple Thomas a commencé à rencontrer des problèmes avec des groupes extrémistes hindous, lorsque, le 12 octobre dernier, une personne handicapée mentale logée chez eux s’est enfuie en les accusant de conversion forcée et d’implications dans la vente de reins humains. Deux volontaires, qui avaient suivi la personne handicapée afin de la ramener au foyer, ont été attrapés et battus par la foule.

Dès le lendemain, ces événements ont été diffusés dans les médias télévisés qui sont allés interviewer des personnes habitant dans la maison des Thomas. D’après le P. Kuttickal, la couverture médiatique a stimulé les opposants qui, ensuite, sont allés détruire la maison. Il précise que lorsque la foule a saccagé l’habitation, la police, présente sur les lieux, “a arrêté les catholiques responsables de l’ashram au lieu d’arrêter les agresseurs” (1).

Dans la nuit du 14 octobre, la police a ainsi arrêté six personnes de l’association – le propriétaire de la maison, deux femmes volontaires et trois responsables de l’association venus sur les lieux de l’incident – et les a placées en détention préventive le temps de l’enquête. Parmi les chefs d’accusation figurent la détention illégale de personnes handicapées mentales, la tentative de conversions forcées, le vol d’organes et la culture du cannabis. D’après l’agence Ucanews, ces charges reflètent les plaintes d’un groupe hindouiste. Un policier interrogé a confié que les membres de l’association Friends of the Birds of the Air “faisaient du bon travail”. “Mais nous sommes impuissants a-t-il ajouté, précisant qu’“au moins une des accusations était substantielle, (puisqu’)ils n’ont pas d’autorisation officielle d’héberger des personnes handicapées mentales.” Les vingt-deux personnes handicapées qui logeaient chez la famille Thomas ont depuis été relogées dans d’autres structures.

Pour Sr Cherupushpamma, de la communauté de l’Alliance eucharistique, ces accusations ont été “préparées (.). Ils affirment que les résidents étaient forcés de rester dans la famille. Non seulement nous n’utilisons pas la force, mais nous redoublons d’efforts pour retrouver leurs familles afin qu’ils puissent retourner auprès des leurs.” D’après le P. George Kuttickal, les opposants “ne s’intéressent pas aux indigents et aux mendiants des rues, par contre ils nous ennuient lorsque nous donnons à ces personnes une vie digne au sein de familles catholiques”.