Eglises d'Asie

Maharashtra : pour des membres de l’Eglise catholique, les conversions en masse de dalits au bouddhisme et au christianisme sont davantage d’ordre sociologique que religieux

Publié le 18/03/2010




Pour des membres de l’Eglise catholique, les conversions en masse au bouddhisme et au christianisme de plusieurs milliers d’hindous de basse caste, le 14 octobre dernier, à Nagpur, dans l’Etat du Maharashtra, sont davantage d’ordre sociologique que religieux. D’après John Dayal, président de l’Union catholique de l’Inde (All India Catholic Union), qui a assisté à l’événement, près de 9 000 dalits se sont ainsi convertis au bouddhisme et 528 au christianisme.

Selon l’agence ENI (Nouvelles ocuméniques internationales), un grand nombre de convertis prove-naient des Etats limitrophes du Gujarat et du Chhattisgarh, où des lois anti-conversions sont en vigueur. D’après John Dayal, ils ont été baptisés par l’évêque évangélique de Trivandrum, Mgr Moses Swamidoss, et le pasteur Kumarswamy, de l’Eglise du bon pasteur de Bangalore. En se convertissant, les dalits espèrent pouvoir échapper aux préjugés et aux discriminations dont ils sont victimes en tant qu’hindous, membres de basses castes (1). Pour l’organisateur principal de l’événement, Udit Raj, un leader dalit qui a délaissé l’hindouisme pour le bouddhisme en 2001, “la liberté religieuse est la clé de la dignité des dalits, c’est pourquoi nous avons organisé une manifestation de ce type La journée marquait le 50e anniversaire de la conversion au bouddhisme de l’ancien ministre de la Justice, Baba Saheb Bhim Rao Ambedkar, avec 50 000 dalits à Nagpur. Baba Saheb Bhim Rao Ambedkar invitait explicitement les dalits à échapper au système des castes hindoues en se convertissant.

Pour le prêtre jésuite, Jimmy Dhabi, directeur de l’Institut social indien, à New Delhi, qui a été interviewé par l’agence Ucanews, les personnes qui se convertissent en masse ainsi que les gouvernements qui restreignent les conversions religieuses n’agissent pas pour des motifs religieux, mais plutôt politiques. En tant que sociologue, il explique qu’il “croit peu que le changement de reli-gion permette un changement de statut social les hindous de basse caste ou les dalits qui se conver-tissent à une autre religion continuant à souffrir de la pauvreté économique et sociale. C’est pourquoi, selon lui, l’Eglise catholique doit s’investir davantage dans les domaines socio-économiques.

D’après le P. Babu Joseph, porte-parole de la Conférence des évêques catholiques d’Inde, les manifestants de Nagpur ont fait valoir leurs convictions religieuses et laïques en s’opposant aux lois anti-conversions, position que l’Eglise catholique d’Inde “soutient Il précise toutefois qu’à Nagpur, la Conférence épiscopale n’a pas eu de présence officielle puisque l’événement a été organisé sans elle et que des “ramifications politiques” étaient également présentes.

Pour Joseph D’Souza, président du Conseil chrétien d’Inde (All India Christian Council), un des plus importants groupes ocuméniques en Inde qui a participé à l’organisation du rassemblement du 14 octobre, l’archidiocèse catholique de Nagpur a donné “son soutien moral” à l’événement. D’après le responsable du Conseil chrétien d’Inde, les dalits qui se sont convertis au christianisme ont principalement rejoint des groupes chrétiens locaux.

Selon l’agence ENI, des délégués et observateurs anglais, américains et canadiens ont assisté à la manifestation de Nagpur, parmi lesquels figurait la directrice générale de l’organisation américaine Dalit Freedom Network, Nanci Ricks, pour qui “la liberté religieuse est la clé de l’émancipation des dalits, aucune force extérieure ne devant interférer avec la liberté de choisir sa religion.”

Pour John Dayal, reste à savoir comment seront traités les dalits venus à Nagpur pour devenir chrétiens, une fois de retour au Gurajat, où une loi anti-conversion est en vigueur.