Eglises d'Asie

Selon un récent sondage, les partis politiques islamistes demeurent peu populaires mais une mi-norité significative de l’opinion ne désavoue pas le recours à des actes violents, tels des attentats

Publié le 18/03/2010




Comme chaque année à pareille époque (1), l’Institut indonésien de sondages mène une enquête d’opinion quant à l’orientation politique des Indonésiens et plus particulièrement quant à celle de l’électorat musulman. Des résultats du sondage publiés par le Jakarta Post le 16 octobre dernier, il ressort que, si des élections étaient menées aujourd’hui dans le pays, les partis islamistes ne recueilleraient que 9 % des suffrages des musulmans. Dans les intentions de vote des musulmans indonésiens, l’islam politique reste donc très loin derrière les grands partis nationalistes et non religieux, tels le Golkar ou le PDI-P.

Mené de septembre à mi-octobre 2006 auprès d’un échantillon de 1 092 musulmans, le sondage confirme le soutien populaire à la vie démocratique du pays. Ainsi, 82 % des personnes interrogées disent être favorables à la démocratie et affirment que cette dernière est compatible avec l’islam et l’idéologie d’Etat du pancasila. Seulement 5 % des sondés disent leur désaccord avec le concept de démocratie. Selon Saiful Mujani, responsable de l’Institut indonésien de sondages, “une très grande majorité des musulmans ici pense que la sphère publique n’a pas à être régulée par la loi islamique”.

Selon des analystes politiques et l’universitaire musulman Bachtiar Effendy, de fait, les partis islamiques ne sont pas prêts de triompher sur la scène électorale. “La plupart du temps, ils sont trop accaparés par des problématiques qui leur sont propres, telles que l’instauration d’un Etat islamique ou la généralisation de la charia commente Bachtiar Effendy, en rappelant que ces questions sont présentes dans le débat public depuis les années 1960. “Il n’y a rien de nouveau dans les résultats de ce sondage poursuit-il, affirmant que, si les partis islamiques veulent devenir populaires, ils doivent amender leurs orientations et devenir des partis ouverts. “A la fin, tous les partis seront pluralistes conclut-il.

Pour des responsables de partis islamiques, tel Sayuti Asyathri, du PAN (Parti du mandat national), la faiblesse de l’islam politique est indéniable. Il reconnaît ainsi que “les perspectives pour les partis islamiques sont très incertaines”. Selon lui, l’islam politique a encore du chemin à parcourir avant de prétendre à une réelle popularité électorale et “des mesures fermes doivent être prises pour renforcer ses capacités de mobilisation”.

Quant à l’enracinement d’idées extrémistes dans une partie de l’opinion, le sondage indique que le recours à la violence n’est plus tabou pour une fraction significative de l’électorat musulman. L’apparente faiblesse de l’islam politique ne doit pas cacher l’ancrage progressif mais net d’un radicalisme islamique dans la société. Ainsi, si 80,7 % des musulmans condamnent explicitement les attentats de Bali, ils sont toutefois 9 % à dire que ces actions terroristes sont justifiées car elles représentent une forme de djihad pour défendre l’islam”. Les attentats de Bali ont été revendiqués par la Jemaah Islamiyah, qui se présente comme la branche régionale du réseau Al-Qaida et prône l’instauration d’un Etat islamique couvrant l’ensemble de l’Asie du Sud-Est (2). Selon Saiful Mujani, “9 %, cela représente un chiffre non négligeable dès lors que l’on parle d’actes aussi extrêmes que ceux commis à Bali”.

Enfin, toujours selon le sondage, deux organisations islamistes qui réclament l’instauration de la charia dans le pays recueillent des soutiens importants : 16,1 % des sondés disent soutenir le Conseil indonésien des moudjahiddins (MMI) et 7,2 % se déclarent favorables au Hizbut Tahrir Indonesia.