Eglises d'Asie – Divers Horizons
Une organisation caritative catholique sud-coréenne a mis sur pied une fabrique de lait de soja en Corée du Nord
Publié le 18/03/2010
Fondée en 2003 par des prêtres, des laïcs et des religieuses catholiques, Corea Peace 3000 entend travailler à la réconciliation entre les deux Corée par des échanges culturels et une assistance économique et médicale. Le P. John Park Chang-il, le directeur du groupe, a rencontré des journalistes, le 11 octobre dernier, pour leur expliquer que cette fabrique de lait de soja était une sorte de joint-venture entre son groupe et l’Association catholique romaine nord-coréenne (KRCA). Corea Peace 3000 finance l’équipement (les machines) et la matière première (le soja) et la partie nord-coréenne contribue en fournissant la main-d’ouvre, le terrain où se situe l’unité de production ainsi que l’eau et l’électricité.
Le bâtiment, une bâtisse de 150 m à un étage, et les machines qui s’y trouvent ont coûté environ 250 millions de wons (210 250 euros). L’atelier a une capacité de production quotidienne d’une tonne de lait de soja, conditionné en 5 000 sachets de 20 centilitres chacun. D’après le P. Park, les membres de la KRCA, y compris son président, Samuel Chang Jae-on, apprécient vivement l’aide apportée par Corea Peace 3000.
Commentant l’actualité liée au récent essai nucléaire nord-coréen (2), le prêtre a déclaré que l’événement aurait certainement des répercussions sur les échanges entre les deux Corée. Il a indiqué cependant que, bien que les deux gouvernements puissent rencontrer des difficultés dans leurs relations bilatérales officielles, cela n’empêchera pas les échanges culturels et économiques. “A cause de cet essai nucléaire, je m’attends à rencontrer des difficultés pour trouver de nouveaux donateurs pour la Corée du Nord, reconnaît-il. Mais je crois fermement que les échanges civils et l’aide humanitaire doivent continuer.”
De plus, le P. Park a indiqué que sa dernière visite en Corée du Nord remontait au mois de septembre dernier : avec une équipe de techniciens, lui et des membres de Corea Peace 3000 sont allés à Pyongyang durant une dizaine de jours pour visiter l’installation et apprendre aux employés à se servir des machines. Christian Pi Sun-Young, le secrétaire du groupe, a expliqué, le 11 octobre, qu’ils avaient réuni les fonds nécessaires grâce à des collectes et aux dons du millier de parrains que comptait le projet. Après ce voyage, le groupe a poursuivi son travail d’assistance en faisant embarquer pour Pyongyang, le 30 septembre, des pompes hydrauliques, 2 000 lampes torches et deux ascenseurs. Lors de la signature de l’accord sur l’unité de production de lait de soja, en avril dernier, la KRCA avait demandé ces ascenseurs pour équiper un centre de personnes âgées installé par elle au 15e étage d’un immeuble en construction et sur le point d’être mis en service (3).
Par ailleurs, le 14 septembre dernier, l’Eglise catholique de Corée du Sud avait indiqué avoir organisé l’envoi d’une aide d’urgence, via la KRCA, à la suite des inondations de juillet dans la province de Pyongannam. A l’initiative de la Commission pour la réconciliation du peuple coréen, placée sous l’égide de la Conférence des évêques catholiques de Corée, la plupart des diocèses sud-coréens ainsi que nombre de congrégations religieuses avaient pour cela collecté 400 tonnes de farine de blé, quatre tonnes de lait en poudre, 10 000 sous-vêtements et 20 000 paires de chaussettes, le tout pour une valeur de 265 millions de wons (près de 223 000 euros). Enfin, à l’issue d’une réunion à Rome du réseau des Caritas, les 18 et 19 octobre dernier, le responsable de la Caritas coréenne, le P. Hwang Yong-yeon, a indiqué que l’essai nucléaire nord-coréen n’entraînera pas une cessation de l’aide de l’Eglise catholique aux Nord-Coréens. “La charité suppose un amour inconditionnel : la mission de l’Eglise, comme cela a été dit à de nombreuses reprises par le Saint-Siège, consiste à être proche et à apporter du réconfort aux plus vulnérables des êtres humains a-t-il déclaré, ajoutant que, le 11 octobre, pour une visite prévue de longue date à la zone industrielle spéciale de Gaesong (Kaesong), il avait été le premier étranger à entrer en Corée du Nord après l’essai nucléaire deux jours plus tôt.