Eglises d'Asie

Lors d’un rassemblement de la jeunesse catholique des Etats du centre de l’Inde, où des lois anti-conversion sont en vigueur, des jeunes ont décidé de s’engager en politique

Publié le 18/03/2010




A Indore, capitale économique du Madhya Pradesh, un rassemblement a réuni du 21 au 25 octobre dernier un millier de jeunes catholiques des Etats du Madhya Pradesh et du Chhattisgarh, où des lois anti-conversion sont en vigueur. Ces jeunes, qui appartiennent à Catholic Youth Movement (ICYM), l’organisateur du rassemblement, ont décidé de s’investir en politique, afin de lutter plus efficacement contre les discriminations dont sont victimes les chrétiens et, le 23 octobre dernier, ils ont organisé une marche de trois kilomètres pour promouvoir la paix et l’harmonie.

L’ICYM, un mouvement lié à la Commission pour la jeunesse de la Conférence épiscopale indienne, dont le but est d’encourager la jeunesse à lutter contre les discriminations sociales et l’injustice, avait pour thème : “Une jeunesse prophétique pour une nation avant-gardiste Selon plusieurs jeunes catholiques interviewés par l’agence d’information Ucanews, l’absence de catholiques dans le monde politique empêche l’Eglise de se défendre contre le mensonge et les attaques violentes dont elle est victime, malgré son engagement dans les domaines de l’éducation et de la santé (1). Pour Yogesh Bhuria, un jeune catholique qui a participé au rassemblement, une carrière politique permet “non seulement d’aider l’Eglise mais également de promouvoir des changements sociaux qui “ne peuvent se réaliser sans l’appui du pouvoir politique 

Jerry Jose, vice-président de l’ICYM au niveau national, pense que l’Eglise n’a jusqu’à présent pas suffisamment abordé la question de l’engagement politique avec la jeunesse. Mgr Leo Cornelio, évêque de Khandwa, qui a participé au rassemblement, admet que l’Eglise aurait pu faire davantage en ce domaine. A présent, elle doit identifier et encourager les talents, a-t-il dit, précisant que “davantage de personnes ayant des valeurs doivent s’engager en politique, sinon ce milieu comportera toujours plus de personnes ayant de mauvaises intentions.” Selon le prélat, les catholiques s’engageant en politique doivent être de “bons chrétiens capables de défendre les valeurs chrétiennes, l’Eglise disposant “d’une jeunesse ayant les capacités d’accéder à ce genre de responsabilités”. Il précise toutefois que le rôle de l’Eglise n’est pas d’apporter des fonds mais de guider et d’encourager les jeunes qui s’engagent.

Le Madhya Pradesh compte 60 millions d’habitants, dont 170 000 chrétiens qui n’ont pas de représentation chrétienne au Parlement de l’Etat. L’Etat du Chhattisgarh, peuplé de 21 millions de personnes, compte 400 000 chrétiens. Deux chrétiens sont engagés en politique, dont un au Parlement. Ces deux Etats, où des lois anti-conversion sont en vigueur, sont gouvernés par le BJP (Bharatiya Janata party), le parti nationaliste hindou. En août 2006, le gouvernement du Chhattisgarh a voté un texte venant renforcer la législation anti-conversion tout en autorisant les conversions à l’hindouisme.

En Assam, dans le Nord-Est de l’Inde, où différents conflits interethniques ont éclaté ces dernières années (2), un autre rassemblement ICYM a réuni, du 3 au 6 novembre dernier, plus de 700 jeunes catholiques sur le thème de la paix et du progrès social.