Eglises d'Asie

Moluques : la construction à Amboine d’une école de formation des professeurs de religion catholique témoigne du retour à une cohabitation pacifique entre les communautés

Publié le 18/03/2010




Pour l’évêque du diocèse catholique d’Amboine comme pour les responsables des autorités locales, la construction dans le chef-lieu de la province des Moluques d’une école de formation des professeurs de religion catholique est le signe que la paix est bien revenue et est fermement établie dans cette région où, de 1999 à 2002, les affrontements entre les communautés chrétienne et musulmane ont fait près de 6 000 morts et déplacés des centaines de milliers de personnes.

C’est le 3 novembre dernier que la cérémonie de la pose de la première pierre de la futur Ecole d’éducation religieuse catholique Saint-Jean l’Evangéliste a eu lieu. Les bâtiments, dont l’achèvement est prévu pour octobre 2007, s’élèveront dans le village de Rumahtiga, situé administrativement dans la ville d’Amboine et, selon Mgr Petrus Canisius Mandagi, évêque d’Amboine, “la construction de ce nouveau campus témoigne du retour à la paix aux Moluques. Cette région n’est plus une région troublée et le développement et l’éducation peuvent désormais y prendre place”. L’évêque a ajouté que la nouvelle école contribuera à renforcer cette paix retrouvée.

Avant même le début de la construction des bâtiments, la nouvelle école a commencé à fonctionner. Cent vingt étudiants suivent des cours depuis le 25 septembre au Centre pastoral du diocèse d’Amboine, dont le troisième étage a été aménagé à cette fin. Organisée en huit semestres, leur formation durera quatre ans et les futurs diplômés seront amenés à enseigner la religion catholique dans les écoles sous tutelle diocésaine.

La construction de l’école étant en partie financée sur fonds publics – accordés par le gouvernement provincial et le ministère des Affaires religieuses -, le gouverneur des Moluques, Karl Albert Ralahalu, ainsi que le responsable du bureau provincial des Affaires religieuses, Muhammad Pelupessy, étaient présents à la cérémonie du 3 novembre. Le gouverneur a exprimé le souhait que l’école forme des professeurs de religion catholique compétents et de grande qualité. “C’est là un point important car une des priorités du gouvernement provincial est d’améliorer – en qualité et en quantité – la formation de la jeunesse moluquoise. Cela passe par la formation des enseignants a-t-il déclaré. Le gouverneur a également remercié l’évêque d’Amboine pour son rôle de médiateur durant le conflit interconfessionnel des années 1999-2002 (1). Il a estimé que la nouvelle école pourrait contribuer à la réconciliation des communautés ainsi qu’au retour des personnes.

Pour sa part, Muhammad Pelupessy a déclaré que la construction d’une telle école devait recevoir le même degré de priorité que la construction d’une université. En effet, “une institution de cette nature est une réponse au manque de professeurs de religion dans la province des Moluques” et elle contribuera à la formation de la jeunesse moluquoise, a-t-il précisé.

En conclusion, Mgr Mandagi a remercié les communautés musulmane et protestante pour le soutien témoigné à la fondation de l’école. “Les non-catholiques ont contribué au bon climat qui a entouré ce projet a-t-il souligné.

Selon la presse locale, d’autres signes indiquent que le retour à la paix est solide aux Moluques. En août dernier, l’armée a procédé à la destruction de 533 armes artisanales, confisquées par les autorités ou remises volontairement par les factions combattantes en 2005. Le 4 octobre dernier, les militaires ont détruit 103 armes supplémentaires de ce type. Selon le général commandant la région militaire de Pattimura (provinces des Moluques et des Moluques-Nord), le fait que la population vienne remettre d’elle-même ces armes est le signe que les habitants font à nouveau confiance aux autorités pour assurer leur sécurité.

Lors du ramadan qui vient de se terminer, il a été remarqué que les relations entre chrétiens et musulmans étaient redevenues normales. Ainsi, à proximité d’Amboine, dans le village de Latta, un journaliste du Jakarta Post soulignait le fait que chrétiens et musulmans se saluaient lorsqu’ils se croisaient dans la rue, un geste qui n’avait plus cours entre 1999 et 2002 et dans les années qui ont suivi. Des chrétiens ont pris l’initiative d’apporter de la nourriture à la mosquée nouvellement reconstruite, pour le repas de rupture du jeûne des musulmans. Et, lors de la récitation nocturne du Coran, les responsables de la mosquée ont pris soin de débrancher le haut-parleur qu’ils utilisent habituellement pour l’appel à la prière.