Eglises d'Asie – Divers Horizons
Un évêque indien appelle l’Eglise catholique en Asie à faire de l’Eucharistie le centre de la vie chrétienne
Publié le 18/03/2010
Environ 280 délégués de quinze pays ont pris part à cette assemblée générale, organisée par le Bureau des laïcs et de la famille de la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC). L’AsIPA ou “Approche asiatique pour une pastorale intégrée” (The Asian Integral Pastoral Approach) est cette méthode inspirée des travaux de l’Institut Lumko, en Afrique du Sud, qui enseigne aux communautés catholiques en Asie comment réfléchir sur les Ecritures saintes en fonction de leurs situations concrètes. Centrée sur “le Christ et la communauté l’AsIPA est destinée à former les laïcs pour leur mission pastorale dans l’Eglise et dans le monde en encourageant “les participants des ateliers à faire eux-mêmes de la recherche et en leur permettant d’expérimenter une nouvelle manière d’être Eglise” (1).
Aux délégués, Mgr Bosco Penha a dit que l’Eucharistie était “le fondement théologique” des “petites communautés chrétiennes mais qu’aujourd’hui, le danger de ritualisme est réel dans la manière dont les sept sacrements de l’Eglise sont célébrés et “des sept, c’est l’Eucharistie qui est en plus grand danger”. Aujourd’hui, a continué l’évêque, les paroisses en Asie sont remplies et les fidèles se regroupent en nombre autour de la table eucharistique. Ils dansent, ils chantent des psaumes et prient à l’unisson. Ils écoutent le ministre du culte les exhorter à entendre le message évangélique. Ils partagent le pain eucharistique et “ils s’en retournent chez eux en paix pour servir le Seigneur”. Or, a poursuivi le prélat, “les pauvres retournent à l’inconfort et à la misère de leurs taudis tandis que les riches regagnent le confort de leurs pavillons. Le fossé qui divise la communauté paroissiale priante est aussi large qu’est évidente la différence entre le jour et la nuit”.
Pour Mgr Bosco Penha, ceux que l’on appelle “les bons chrétiens” et qui ne manquent jamais une célébration dominicale ont vidé l’Eucharistie de sa signification. Les cathédrales sont imposantes mais “les pleurs, la souffrance, la faim, la soif et la mort du Galiléen” en sont absents. Les chrétiens des classes moyennes n’ont pas à cour la signification pour leur vie du sacrifice du Christ. “Lorsque la messe est célébrée, très peu prennent conscience que le pain rompu et le vin versé sont un don pour exprimer la solidarité, tout spécialement avec les pauvres et les opprimés, et pour bâtir une société plus juste et plus fraternelle a affirmé l’évêque. “Nous avons convoqué l’Eucharistie pour apporter de la respectabilité à des cérémonies de la vie sociale telles les anniversaires, les naissances ou les mariages, mais l’abondance de nourriture et de boisson n’a que peu à voir avec le Sacrement d’unité et de partage que nous célébrons, a-t-il expliqué.
Selon lui, l’Eucharistie ne prend son sens que lorsque chacun se soucie des autres, des pauvres, des malades, des orphelins, des veuves, des handicapés, des rejetés. Il y a là un idéal qui peut devenir réalité si “les petites communautés chrétiennes” sont instituées et deviennent le cour de la vie des catholiques dans les paroisses. A partir de cette base-là, le reste de la société pourra être irrigué et l’Eucharistie deviendra véritablement le fondement de l’Eglise.
Un autre évêque a fait écho aux propos de Mgr Bosco Penha lors de cette assemblée. Mgr Stanislaus Fernandes, évêque de Gandhinagar et secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, a lui aussi estimé que “le ritualisme avait tué l’esprit des sacrements au fil des années”. L’Eglise se doit “de se réorienter par une vision nouvelle et une mission au service des pauvres a-t-il déclaré.