Eglises d'Asie

Un restaurateur orphelin sert gratuitement des repas aux pauvres du district de Thu Duc, dans la banlieue nord-est de Hô Chi Minh-Ville, où les travailleurs provinciaux sont nombreux

Publié le 18/03/2010




Dans la banlieue nord-est de Hô Chi Minh-Ville, à Thu Duc, district où de nombreux travailleurs provinciaux issus des régions rurales viennent s’installer en espérant travailler dans une des nombreuses entreprises industrielles implantées autour de l’unique nationale reliant le sud au nord du pays, Cau Le Vu, un restaurateur orphelin âgé de 50 ans, sert quotidiennement et gratuitement entre 100 et 150 repas aux plus pauvres du quartier.

Selon Cau Le Vu, la soupe populaire, servie au rez-de-chaussée de son restaurant, le Thang Dau, lui revient à 300 000 dongs par jour (près de 15 euros), qu’il finance grâce aux bénéfices réalisés dans son restaurant et aussi grâce à la générosité de personnes qui lui fournissent des aliments. Cau Le Vu confie avoir été beaucoup aidé lorsqu’il était orphelin et enfant de la rue. Un jour, alors qu’il était hospitalisé, des inconnus ont pris soin de lui, l’ont nourri, soigné et lui ont procuré des médicaments et des vêtements. “Cette soupe populaire a pour but d’aider les plus pauvres. Il est fort possible que parmi eux, il y ait des enfants ou des petits-enfants de personnes venues à mon secours lorsque je n’étais qu’un petit garçon [.]. Ce n’est qu’un témoignage de ma gratitude envers les gens qui m’ont aidé ajoute-t-il.

A l’entrée du Thang Dau, arrivent, à bicyclette, quelques femmes chiffonnières, recroquevillées derrière un monceau de journaux, de verres ou de bouts de ferraille, entassés sur leur porte-bagage. Chacune d’entre elles reçoit un ticket et part s’asseoir à une table. “Au début, j’étais gênée de venir déjeuner ici gratuitement, mais, à présent, je viens manger tous les jours précise l’une d’elles. “Cela me permet d’économiser et d’envoyer de l’argent à ma famille ajoute une autre femme, originaire du centre du pays.

Thu Thi Nguyên, 65 ans, vient quotidiennement à la soupe populaire du Thang Dau, depuis son ouverture, en juin dernier. Elle confie s’y sentir un peu comme chez elle. “Depuis que je viens déjeuner ici, j’ai pu mettre un peu d’argent de côté, au cas où je tombe malade commente la sexagénaire, originaire de Cantho, dans le delta du Mékong, où les habitants survivent essentiellement grâce à la culture du riz. “Je vis seule à Hô Chi Minh-Ville car mes enfants ne peuvent pas subvenir à mes besoins précise-t-elle. Thu Thi Nguyên, qui vend des billets de loterie, a vu ses revenus journaliers de 50 000 dongs (2,50 euros) chuter de moitié depuis le mois de juillet, période où le prix des billets de loterie a plus que doublé. Cela me permet tout juste de payer mon loyer et mes frais quotidiens, ajoute-t-elle.

Des étudiants viennent également au restaurant mais pas forcément pour des raisons économiques. Tan, collégien en 3e, vient de temps en temps déjeuner au Thang Dau car il trouve l’atmosphère plus conviviale et plus chaleureuse que chez lui, où ses parents, qui travaillent beaucoup, sont rarement présents à l’heure des repas.

Derrière l’activité philanthropique de Cau Le Vu, se cache également une motivation d’ordre spirituel. En avril dernier, il a, selon ses propres termes, été “miraculeusement guéri A cette époque, il était atteint d’une cirrhose du foie avancée et pensait mourir rapidement, ajoutant que ses amis avaient même commencé à préparer ses funérailles. Toutefois, après qu’un groupe de catholiques est venu prier à son domicile, il a peu à peu recouvrer la santé et a commencé à s’intéresser à la foi catholique. Selon lui, c’est “Dieu qui l’a sauvé Dans sa chambre, on peut voir des portraits de Jésus et de Marie. Il confie lire la Bible quotidiennement et il participe également à un groupe de partage biblique à la paroisse des rédemptoristes. Ces derniers l’ont d’ailleurs invité à témoigner dans différentes paroisses catholiques. Cau Le Vu prévoit prochainement d’entamer une démarche catéchuménale afin de recevoir le baptême et d’ouvrir une soupe populaire supplémentaire car, dit-il, “il existe encore beaucoup de personnes dans le besoin