Eglises d'Asie

A l’occasion de l’arrestation d’un politicien connu, accusé de complot contre le gouvernement, un prêtre tient à rappeler les efforts accomplis en faveur de la paix et de la stabilité du pays

Publié le 18/03/2010




L’arrestation d’un ancien sénateur, accusé d’avoir fomenté un complot contre le gouvernement, est un gage de stabilité politique, a déclaré un prêtre jésuite, ajoutant que, malgré tout, beaucoup d’efforts devraient être encore faits pour instaurer une paix véritable et durable aux Philippines.

Le P. Romeo Intengan, un des fondateurs du Parti socialiste démocratique philippin (PDSP), a qualifié l’arrestation de Gregorio Honasan, le 15 novembre dernier, de “petit pas” vers la stabilité politique. Il a expliqué que les groupes d’opposition qui prônaient un changement de régime par un coup d’Etat perdaient leur légitimité et que ceux qui les soutenaient ne pouvaient plus penser que les jeunes officiers de l’armée se lanceraient dans de nouvelles aventures périlleuses (1). Le P. Intengan a toutefois ajouté que, si l’arrestation d’Honasan éloignait la perspective d’un coup d’Etat, la politique se jouait “sur de nombreux fronts” et que le travail restant à accomplir pour la présidente et le pays était très important.

Selon le site Internet officiel du parti, le PDSP est un parti politique national où des agriculteurs, des pêcheurs, des membres des professions libérales et des commerçants travaillent pour faire une place aux pauvres, aux défavorisés et aux marginaux.

“Il faudra un réel courage pour mettre en ouvre les réformes proposées par les commissions Davide et Feliciano a encore expliqué le prêtre. Corazon Aquino, à l’époque de sa présidence, avait créé la commission Davide pour enquêter sur la tentative de coup d’Etat de décembre 1989 et Gloria Macapagal-Arroyo a demandé à la commission Feliciano d’enquêter sur “la mutinerie Oakwood” de 2003 (2).

Gregorio Honasan, un ancien colonel des Forces armées philippines (AFP), cofondateur du mouvement “Réformer l’AFP” en 1983, a publiquement reconnu sa participation dans le coup d’Etat de 1986 contre l’ancien président Ferdinand Marcos et dans l’attaque manquée contre l’administration Aquino en 1987 puis en 1989. Il a été sénateur de 1995 à 2004. Une équipe composée de policiers et de militaires l’a arrêté à Green Meadows dans la ville de Quezon, le 15 novembre 2006. Le tribunal de première instance de Makati avait ordonné son arrestation pour tentative de coup d’Etat et suspicion de participation à la mutinerie de 2003. Gregorio Honasan était entré dans la clandestinité après avoir été impliqué dans la tentative de coup d’Etat du 24 février dernier.

Selon le P. Intengan, qui enseigne la théologie morale à la faculté de théologie de la Loyola School de Quezon City, certains responsables ecclésiastiques “n’étaient pas contents” d’Honasan, un catholique pourtant et, qui plus est, un ancien élève de leurs écoles. “L’Eglise entretient une affinité avec la démocratie, un des systèmes politiques qui respecte le mieux les droits de l’homme. C’est pourquoi, quand quelqu’un porte préjudice à la démocratie, l’Eglise en est très gênée et même quelquefois fâchée.” D’après le prêtre, les forces politiques antigouvernementales ont été affaiblies par cette arrestation et l’attractivité économique des Philippines va en bénéficier. Mais il souligne la nécessité pour les Philippins vivant dans la pauvreté de jouir d’“une vraie paix sociale Citant l’encyclique du pape Paul VI Populorum Progressio (1967) sur le développement, le prêtre définit le développement comme “l’autre mot pour dire la paix”.

Deux jours après l’arrestation d’Honasan, le dominicain Pablo Tiong, de l’université St Thomas, a déclaré : “Autant que possible, il faut agir selon les moyens que nous donne la Constitution.” D’après lui, le premier mouvement populaire qui a évincé Marcos en 1986 “a été un grand événement et nous a préparé à prendre conscience de notre responsabilité ordinaire de citoyen, dans la vie de tous les jours”. Affirmant que « nous ne pouvons pas corriger la situation nationale” uniquement par des coups d’Etat et des manifestations de rue (3), le prêtre a qualifié la responsabilité citoyenne des Philippins de “devoir moral”.