Eglises d'Asie

En théologie et dans un contexte culturel donné, le choix des mots a son importance

Publié le 18/03/2010




Selon une enquête menée via un site Internet à laquelle 465 catholiques ont répondu, près des deux tiers des catholiques sud-coréens souhaitent que le terme aujourd’hui utilisé dans la langue coréenne pour désigner les « laïcs » soit modifié. Au sondage qui demandait si pyeongsindo, le mot coréen pour désigner les « laïcs » convenait, 293 personnes (soit 63 %) ont répondu que le terme devait être changé et 172 (37 %) ont répondu non.

Indépendamment de leur réponse à la question évoquée ci-dessus, 410 catholiques internautes ont indiqué où allait leur préférence dans une liste de trois termes proposés pour être éventuellement utilisés à la place de pyeongsindo. Des trois propositions, c’est gyo-u (compagnon) qui arrive en première position avec 267 réponses (67,1 %), sin-ja (croyant ou fidèle croyant) recueillant 106 suffrages (25,0 %) et sin-do (disciple ou croyant) 37 suffrages (9 %). Pyeong signifie « ordinaire » et pyeongsindo désigne le « croyant ordinaire ».

Les résultats de l’enquête, menée entre le 8 et le 12 novembre dernier et organisée par l’hebdomadaire Catholic Times et le site Internet Good News de l’archidiocèse de Séoul, ont été publiés le 19 novembre dans les colonnes du Catholic Times. Selon le P. Patrick Joo Ho-sik, directeur général du service ‘Documentation et informatique’ de l’archidiocèse de Séoul, l’enquête a été commandée à l’occasion du troisième dimanche du mois de novembre, consacré depuis 1968 en Corée aux laïcs.

Le P. Pius Min Byong-dock, secrétaire de la Commission épiscopale pour l’apostolat des laïcs, fait partie de ceux qui pensent que le terme pyeongsindo doit être changé. « Bien que nous soyons tous égaux nos laïcs discernent dans ce terme une nuance discriminatoire. Ce que le sondage montre biena-t-il expliqué. Cependant, a fait remarquer ce prêtre de 53 ans, aucune alternative n’est proposée. Personnellement, il recommande le terme sin-ja ou iban sin-ja (les croyants en général) et rappelle que le synode de l’archidiocèse de Séoul, qui s’était déroulé entre mai 2000 et septembre 2003, avait abordé la question.

Dans la lettre pastorale « Marcher vers Dieu et vivre dans l’espérance » qui concluait le synode, le cardinal Nicholas Cheong Jin-suk écrivait que les délégués avaient cherché un terme qui puisse aider les laïcs à « réaliser et mettre en ouvre » leur « identité et leur vocation ». Pyeongsindo est un terme utilisé quand il est nécessaire de différencier l’état clérical, religieux ou laïque d’une personne et n’est pas discriminatoire en soi. « Dans une communion ecclésiale, on ne peut établir une discrimination entre ses composantes expliquait l’archevêque de Séoul, cardinal depuis 2006. Depuis les débuts de l’Eglise de Corée, en 1784, rappelait encore le cardinal Cheong Jin-suk, le terme de gyo-u est utilisé pour désigner les laïcs, rappelant que ce terme avait été utilisé en particulier dans le texte des prières du synode quant il avait été nécessaire de différencier religieux, clercs et laïcs.

Sur Internet, le sondage a provoqué de nombreuses réactions. Certains ne voient rien de discriminatoire dans l’usage du terme pyeongsindo et d’autres ne trouvent pas d’alternative valable. D’autres encore affirment qu’aider les laïcs à réaliser leur vocation dans l’Eglise est plus important qu’un changement d’appellation. Benedict Park Young-dae, directeur de l’Institut de théologie Woori (2), a confié qu’il avait voté pour le changement et avait choisi gyo-u comme étant d’après lui le terme le plus adéquat. « Avant tout, pyeongsindo ou sindo signifie que les gens sont passifs et suivent alors que gyo-u fait penser à compagnon ou ami. Jésus lui-même a voulu appeler ses disciples amis a-t-il expliqué. Un changement de terminologie, a-t-il continué, amènerait les gens à réfléchir et à mieux comprendre ce qu’est un laïc.