Eglises d'Asie

Les représentants des communautés catholiques du Népal se sont rencontrés pour préparer le premier plan pastoral national du pays

Publié le 18/03/2010




La préfecture apostolique du Népal entend se doter, pour la première fois, d’une pastorale concertée dans laquelle les responsables des diverses communautés catholiques ouvrent à une Eglise plus ouverte et visible dans le pays, pacifié depuis peu. Le 27 novembre dernier, une centaine de responsables se sont réunis pour une journée d’étude dans les locaux de la paroisse d’Ishalaya, à Godavari, sur le versant sud de la vallée de Katmandou (1). Ils ont préparé un exposé sur la vision de l’Eglise intitulé : “Pour tous les Népalais, enracinés dans le Christ, pleinement humains et dynamiques, en route vers la plénitude de la vie et ont également formé une commission chargée de mettre en place cette pastorale.

Mgr Anthony Sharma, préfet apostolique du Népal, avait notamment invité les supérieurs des dix-sept congrégations féminines et les cinq supérieurs des congrégations religieuses masculines présents au Népal, en leur demandant d’être chacun accompagné par un membre expérimenté de leur communauté. Les prêtres des six paroisses du pays étaient également présents, chacun accompagné d’un paroissien engagé.

“La dernière fois que les catholiques du Népal se sont rencontrés pour mettre sur pied une pastorale appropriée, c’était il y a vingt-quatre ans, quand le Népal faisait encore partie du diocèse indien de Patna a souligné le préfet apostolique lorsqu’il s’est adressé à l’assemblée. Deux ans plus tard, le Népal devenait une mission sui juris (indépendante dans sa gestion), mais, a-t-il ajouté, l’Eglise continue toujours à aller “là où les gens nous appellent”. Elle grandit et “prend sa place dans un contexte imprévu”.

Jusqu’à la Constitution moderne de 1990, l’hindouisme était, en effet, la seule religion pouvant être pratiquée officiellement, les conversions étant illégales. Même avec cette constitution, le Népal restait officiellement la seule nation hindoue du monde. Les récents développements politiques ont tout changé, a expliqué Mgr Sharma “et c’est dans ce contexte qu’il nous faut prévoir notre pastorale 

Le 18 mai dernier, suite à des manifestations pro-démocratiques organisées en dépit du couvre-feu et des menaces de tirs à vue de l’armée, le Parlement a fini par approuver le changement de statut du Népal en un état séculier et il a abrogé la plupart des pouvoirs du roi Gyanendra Shah (2).

Dans ce nouveau contexte laïc, le P. John Locke, un des animateurs de la rencontre du 27 novembre, a abordé les nouvelles opportunités à saisir pour prêcher l’Evangile, tout en mettant en garde contre la tentation d’imposer au peuple népalais une culture venue d’ailleurs. Le prêtre, naturalisé citoyen népalais, a également mis en garde l’assemblée contre une possible “réaction brutale” de groupes hindouistes, expliquant que prêcher consistait “à se mettre dans une condition de dialogue avec des personnes de foi et de culture différentes et que les catholiques “devaient bâtir à partir de ce qui existe déjà et renforcer les liens existants” entre le christianisme et les cultures locales.

Un autre animateur, le P. Lawrence Maniyar, supérieur des jésuites au Népal, a souligné un autre défi à surmonter : “Comment nous, catholiques, allons-nous pouvoir répondre aux souffrances des 30 000 enfants victimes de cette guerre, maintenant que nous sommes en paix ?” (3).

Début novembre, le gouvernement et les rebelles maoïstes avaient finalisé un accord de paix mettant fin à une insurrection de dix ans et ayant fait plus de 14 000 morts. Les rebelles ont rejoint le gouvernement provisoire et placé leurs armes sous le contrôle de l’ONU. “Dans ce contexte, nous devons faire en sorte de témoigner par la qualité intérieure de nos vies et en expliquant clairement le pourquoi de nos institutions a encore ajouté le P. Maniyar.

Cette journée d’étude a fait remonter mille et une idées, toutes orientées ver une Eglise plus visible et plus ouverte. Ces propositions peuvent être classées en six catégories : formation de la foi, dialogue interreligieux et ocuménisme, établissement de relations sociales plus larges, développement des médias catholiques, utilisation de méthodes plus directes dans les domaines de l’éducation, de la formation et de l’évangélisation.

Une commission de quinze membres, dont cinq prêtres, cinq religieuses et cinq laïcs, a été formée pour mettre en ouvre cette nouvelle pastorale. L’équipe s’est donnée six mois pour présenter un plan d’actions. Un regret, celui de la faible participation des laïcs à la rencontre, a toutefois été exprimé, les participants ayant recommandé à la commission organisatrice de consulter très largement, à l’avenir, les laïcs des paroisses.