Eglises d'Asie – Indonésie
Célèbes : à Manado, des musulmans et des chrétiens ont célébré ensemble Halalbihalal et le temps de l’Avent
Publié le 18/03/2010
Pour les musulmans, Halalbihalal est la visite faite à son prochain à l’occasion de laquelle le pardon est demandé ou reçu pendant ou après al-Fitr, la fête qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan. Cette année, Id al-Fitr a été observée les 24 et 25 octobre, mais, selon Marhaen Mulalinda, de l’YSNI, Halalbihalal peut être célébrée à n’importe quel moment après al-Fitr. Pour les chrétiens protestants, Noël peut être célébré dès le début du mois de décembre, mais, en 2004, le synode de l’Eglise chrétienne évangélique de Minahasa a décidé que les célébrations faites avant le 25 décembre seraient dorénavant appelées des célébrations « d’avant-Noël le temps qui correspond à l’Avent chez les catholiques (1).
La célébration du 16 décembre a consisté en des chants de Noël et des prières conduites par le pasteur Albert Mondoringin, ainsi que de la musique avec des chants arabes et un sermon du musulman Hunggu Tajuddin Usup. Pour le gouverneur de Djakarta, invité au titre de l’Association des gouverneurs d’Indonésie, voir des chrétiens et des musulmans assis côte à côte a constitué une surprise. « Je suis gouverneur de Djakarta depuis dix ans, mais jamais je ne suis parvenu à organiser une pareille célébration conjointe a-t-il déclaré, ajoutant qu’il avait beaucoup à apprendre de la province Célèbes-Nord. Son administration, en effet, voudrait voir plus de tolérance interreligieuse parmi les citoyens, « mais nous faisons face à bien des difficultés a-t-il ajouté, rappelant la série d’attentats à la bombe commise contre des églises chrétiennes de Djakarta à la veille de Noël 2000 (2).
Pour Mulalinda, un musulman, qui présidait le comité d’organisation de la célébration, l’événement du 16 décembre est une manifestation concrète de l’esprit de tolérance. Un membre de l’YSNI est allé dans le même sens, expliquant qu’auparavant « des musulmans montaient la garde devant les lieux de culte chrétiens à l’occasion de Noël et du Nouvel An et des chrétiens faisaient de même devant les mosquées lorsque les musulmans y étaient rassemblés pour al-Fitr, mais, cette année, c’est ensemble que les cérémonies d’avant-Noël et ont été fêtées ». Les chrétiens ont symbolisé Noël par une bougie, la lumière de Noël, tandis que les musulmans marquaient Halalbihalal par un ketupat, du riz cuit dans des feuilles de coco, symbole de la satiété. « Il n’y a pas place au chaos si les gens vivent dans la lumière et sont rassasiés a souligné un universitaire présent lors de la cérémonie.
Pour Feliks Tuegeh, un catholique qui participe aux activités sociales de l’YSNI, une telle cérémonie est « bien plus efficace qu’un simple appel à la tolérance ». Président de l’Association des pères de familles catholiques de la paroisse du Bon-Pasteur de Mapanget, localité proche de Manado, il a précisé que cette célébration conjointe relevait de ce qu’il y avait de meilleur dans l’ocuménisme, mais que, selon les récentes directives de son évêque, il y avait assisté « sans participation active » (3).
Le P. Martin Sudiroatmadja, professeur au grand séminaire de Pineleng, situé à proximité de Manado, n’a pas assisté à la fête, mais il a déclaré qu’il ne voyait pas de problème à célébrer l’Avent et Halalbihalal : « Ce qui était souligné durant cette célébration conjointe était l’esprit d’harmonie, loin de toute volonté de christianisation ou d’islamisation. »