Eglises d'Asie

En dépit d’une affluence moyenne, la manifestation pour dénoncer les manouvres politiques de la présidente Arroyo a été un succès, estiment les responsables de l’Eglise catholique

Publié le 18/03/2010




Au lendemain de la manifestation qui s’est déroulée, le dimanche 17 décembre dernier, dans un parc de la ville de Manille, les responsables de l’Eglise catholique ont estimé que la foule avait été au rendez-vous et que l’opération avait été “un succès”. Le porte-parole de la Conférence des évêques catholiques des Philippines, Monseigneur Pedro Quitorio III, a déclaré que 50 000 personnes s’étaient rassemblées pour prier au parc Luneta (Rizal Park) et il a rendu grâce à Dieu pour le retrait du projet de loi présenté par la Chambre des représentants qui, s’il avait été accepté, aurait transformé le régime politique philippin, le faisant évoluer d’un système présidentiel de type américain à un régime parlementaire (1).

Selon la police, la foule au parc Luneta ne dépassait pas 30 000 personnes, mais, au-delà de l’habituelle querelle de chiffres, le nombre des manifestants a été très inférieur à certaines prévisions, qui annonçaient un demi-million de personnes. Monseigneur Quitorio a estimé que ce qui avait été “perdu en quantité” avait été gagné “en qualité” et que l’essentiel était que l’Eglise avait démontré, “d’une manière pacifique et priante que l’urgence était à la conversion des cours et non à la réforme de la Constitution.

Lors de cette manifestation, au parc Luneta, le président de la Conférence des évêques, Mgr Angel Lagdameo, avait joué sur les mots, expliquant que le mot d’ordre du jour, “cha cha ne renvoyait pas à “charter change” (la réforme constitutionnelle soutenue par les partisans de la présidente Arroyo et à laquelle l’Eglise s’est opposée), mais à “character change la conversion des cours à laquelle les Philippins étaient tous appelés. C’est “par le pardon des péchés, la réforme de la moralité et le renouveau des valeurs” que le pays pourra “s’en sortir” et les Philippins “espérer a développé l’archevêque de Jaro.

Pour les responsables de l’Eglise, il s’agissait de montrer que l’urgence qui était celle des dirigeants politiques du pays, notamment la présidente Arroyo, n’était pas la réforme des institutions, mais la lutte contre la pauvreté. Dans l’homélie qu’il a prononcée dans le parc, le cardinal de Manille, Mgr Gaudencio Rosales, a affirmé que “le changement devait venir mais que tous les Philippins devaient changer s’ils voulaient que les éventuelles transformations apportées au système soient efficaces. “Chacun est sujet et objet de la réforme a-t-il insisté.

Le 7 décembre, à l’aube, la Chambre des représentants avaient voté une résolution visant à modifier la Constitution de 1987 des Philippines. Les partisans de la présidente Arroyo, majoritaire à la Chambre, voulaient transformer la chambre basse du Congrès en Assemblée constituante, pour se passer du Sénat, contrôlé par les adversaires de la présidente, et, en faisant évoluer le régime vers un régime parlementaire, permettre à Gloria Arroyo de se maintenir au pouvoir au-delà de 2010, terme de son mandat présidentiel. Toutefois, face à l’opposition soulevée par ce projet et à la prise de position de l’Eglise catholique, les représentants sont revenus sur leur résolution et ont voté contre la tenue d’une Assemblée constituante, qui devait prendre ses fonctions le 12 décembre. Dans l’intervalle, les évêques ont maintenu l’appel qu’ils avaient lancé à manifester le 17 décembre, le transformant toutefois en rassemblement d’action de grâces.