Eglises d'Asie – Indonésie
La Cour suprême a disculpé Abou Bakar Bachir pour les attentats de Bali de 2002 et contre l’hôtel Marriott en 2003
Publié le 18/03/2010
Dans une large mesure, la décision de la Cour suprême est purement symbolique car Abou Bakar Bachir, à la faveur de remises de peine ayant provoqué des protestations américaines et australiennes, a été libéré de la prison de Cipinang, à Djakarta, le 14 juin 2006 (1). Depuis cette date, il a repris ses prêches à travers le pays, s’en prenant violemment aux Etats-Unis et à Israël et réclamant l’instauration d’un Etat islamique en Indonésie. Toutefois, la nouvelle de sa disculpation n’a pas été accueillie avec joie par certains dans le pays. Un porte-parole de la police a déclaré qu’il existait « des preuves abondantes montrant son implication dans les attentats » et que la police le considérait toujours comme coupable.
Sur le fond, la Cour, après avoir entendu trente témoins, a estimé que le prédicateur, âgé de 69 ans, n’était « pas impliqué » dans ces deux attaques imputées au réseau de la Jemaah Islamiyah, lié à Al Qaida. Les rencontres qu’Abou Bakar Bachir a eues avec des responsables des attentats de Bali avant cette action terroriste ne prouvent pas « la conspiration » et les témoins ont tous dit que Bachir n’était pas impliqué dans cette affaire, a jugé la Cour.
Certains observateurs ont noté que la Cour suprême a rendu son jugement à l’avant-veille de la messe de la nuit de Noël, alors que les ambassades américaines et australiennes à Djakarta avaient mis en garde contre des risques « crédibles et graves » d’attaques terroristes antioccidentales. Le 24 et le 25 décembre, les célébrations de Noël se sont déroulées dans le calme, même, si comme à l’accoutumée depuis plusieurs années, les forces de sécurité avaient mobilisé d’importants effectifs aux abords des lieux de culte chrétiens. A Sumatra-Nord et à Aceh, ce sont les intempéries – des pluies diluviennes provoquant des inondations et des glissements de terrain – qui ont perturbé les fêtes, des chrétiens ayant dû célébrer Noël sous des tentes.