Eglises d'Asie

Plusieurs responsables et militants religieux ont été l’objet d’interventions policières destinées à les isoler durant le sommet de l’APEC à Hanoi

Publié le 18/03/2010




Après avoir créé, au début de l’année 2006, deux journaux indépendants et deux partis politiques, le mouvement d’opposition démocratique vietnamien s’est doté, au début du mois de décembre dernier, d’un Comité des droits de l’homme, auquel participe un certain nombre de figures connues de la dissidence. Sa création a eu lieu à l’occasion de la journée internationale des droits de l’homme, le 10 décembre 2006. Le nouvel organisme s’est donné pour tâche de faire connaître dans le détail les violations des droits de l’homme commises dans le pays, en faisant référence aux noms des personnes et aux faits. Un premier rapport concernant le mois d’octobre 2006 avait été publié lors de la création du Comité. Le 16 décembre, un nouveau rapport a été diffusé, via Internet, concernant le mois de novembre. Selon les rédacteurs du plus récent rapport, il faut considérer ce mois de novembre comme un des mois les plus noirs sur le plan des droits de l’homme. Le sommet de l’APEC, qui a eu lieu à Hanoi du 12 au 19 novembre, a été pour le gouvernement l’occasion de se livrer à une répression accrue. Le rapport relève en tout vingt-trois cas de violations des droits contre des individus ou des organismes. Nous retenons ici les cas dans lesquels sont impliqués des responsables ou des militants des diverses religions.

Le professeur Nguyên Chinh Kêt, laïc catholique et ancien collaborateur de l’organe du Comité d’Union du catholicisme “Catholicisme et Nation est bien connu pour ses nombreuses interventions en faveur de la liberté religieuse et la démocratie. Le dimanche 19 novembre dernier, il a été arrêté par la police alors qu’il se rendait à la messe et a été ramené chez lui. Les jours suivants, il a été convoqué par la Sécurité publique, puis arrêté de nouveau dans la rue et conduit au siège de la police. Le 28 du même mois, sa propre fille recevait une convocation de la police pour répondre de la présence de certains documents dans son ordinateur.

Le pasteur protestant et avocat Nguyên Hông Quang, responsable de la communauté mennonite au Vietnam, est depuis longtemps l’objet d’une surveillance policière particulière à cause de ses nombreuses prises de position publiques en faveur de la liberté religieuse de sa communauté et des droits de l’homme. Il avait été arrêté le 8 juin 2004 pour avoir contrecarré des fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions. Condamné à trois ans de prison, il avait été relâché le 30 août 2005 (1). Le 17 novembre dernier, il a subi un long interrogatoire de la police, où il a été question d’une interview accordée par le pasteur à Radio Free Asia (RFA) et à un site Internet de la diaspora vietnamienne Dan Chim. De plus, le pasteur a été interrogé au sujet d’une lettre qu’il a envoyée aux dirigeants rassemblés au sommet de l’APEC et jugée diffamatoire par le gouvernement vietnamien. D’autres tracasseries ont touché la famille du pasteur, les personnes venant lui rendre visite et la communauté mennonite à Saigon. Plusieurs fois, le pasteur a été contraint de rester chez lui sous prétexte de préserver sa sécurité.

Un autre responsable de la communauté mennonite pour les Hauts Plateaux, le pasteur Nguyên Công Chinh, qui, il y a deux ans, avait vu sa chapelle détruite par la Sécurité, a lui aussi subi des brutalités policières au cours du mois de novembre, alors qu’il se rendait de Pleiku à Saigon. De plus, sa femme a été renvoyée de l’hôpital où elle venait d’accoucher.

Au cours de la même période, plusieurs personnalités bouddhistes soupçonnées de vouloir entrer en rapport avec les autorités étrangères réunies à Hanoi pour le congrès de l’APEC ont été victimes d’actions policières. Le cas le plus marquant est celui de la religieuse bouddhiste Thich Nu Dam Thoa, en lutte pour recouvrer la pagode de Tân Liêu, dans la province de Bac Giang, pagode dont elle a été chassée après l’avoir restaurée pendant des années. La religieuse a été arrêtée le 15 novembre à Hanoi et transportée en car de police jusqu’à sa province d’origine de Bac Giang dans un camp d’internement, où elle a été gardée jusqu’au 21 du même mois. Les religieux Thich Thien Minh et Thich Chon Tam ont également été victimes de plusieurs interventions policières.