Eglises d'Asie – Inde
Himachal Pradesh : l’adoption d’une loi anti-conversion par l’Assemblée législative, majoritairement issue du Parti du Congrès, consterne les minorités religieuses de l’Etat
Publié le 18/03/2010
Pour que la loi anti-conversion soit effective, elle devra être signée par le gouverneur de l’Etat. Le texte voté interdit toute conversion religieuse obtenue “par des moyens frauduleux”. Ainsi, toute personne reconnue coupable d’en avoir forcé une autre à changer de religion, sera passible de deux années d’emprisonnement et/ou d’une amende pouvant aller jusqu’à 25 000 roupies (437 euros). La loi stipule également que toute personne souhaitant changer de religion devra en informer le gouvernement trente jours auparavant. Si tel n’est pas le cas, elle sera passible d’une amende de 1 000 roupies (17 euros), d’après le ministre de l’Intérieur de l’Himachal Pradesh, Vijay Kumar.
Les responsables de la communauté chrétienne de l’Etat se sont fermement opposés à ce projet de loi, déclarant que les termes peu précis de la loi, tels que “force “promesse de subsides financiers” ou “fraude pouvaient être appliqués aux activités chrétiennes dans l’éducation, le travail social ou les soins de santé, et qu’ils craignaient qu’une telle loi soit utilisée pour arrêter ou harceler des missionnaires travaillant dans des villages reculés.
Pour John Dayal, président de l’Union catholique pan-indienne (All India Catholic Union) et membre du Conseil de l’intégration nationale (National Integration Council), une instance fédérale, cette loi anti-conversion est une “plaisanterie cruelle car l’Etat compte moins de 10 000 chrétiens pour une population de six millions d’habitants.
Il a ajouté que les chrétiens faisaient leur possible pour que le gouvernement, au niveau fédéral et de l’Etat, retire la loi. Ils espèrent que, comme au Rajasthan, le gouverneur de l’Himachal Pradesh ne promulguera pas la loi (1). Des chrétiens avaient déjà fait part de leur opposition au ministre-président, Virbhadra Singh, lorsque le projet de loi était encore en pourparlers, le gouvernement leur ayant assurés qu’il ne serait pas voté. Ils avaient également écrit à Sonia Gandhi, présidente du Parti du Congrès. “Sonia Gandhi m’a écrit pour exprimer son opposition et celle de son parti au vote de lois anti-conversion votées par les gouvernements issus du BJP. Mais aujourd’hui, c’est son propre parti en Himachal Pradesh, qui vote une telle loi a déclaré John Dayal à l’agence Compass (2).
Dans un communiqué du 9 janvier dernier (3), le Conseil chrétien pan-indien (All India Christian Council, AICC) a également appelé la coalition au pouvoir à bloquer la mise en ouvre de la loi anti-conversion. Pour Sajan K. George, responsable national du GCIC (Global Council of Indian Christians), “ce projet de loi sert à apaiser les hindous radicaux aux dépens des chrétiens
Syed Shahabuddin, ancien parlementaire et président India Muslim Mijlis-e-Mushawarat, une organisation représentant la minorité musulmane de l’Inde, a en outre demandé à Sonia Gandhi, dans une lettre du 9 janvier dernier (4), de conseiller au gouvernement de l’Himachal Pradesh d’abandonner son projet de loi anti-conversion, car, selon lui, la promulgation d’une telle loi en Himachal Pradesh donnera un argument aux gouverneurs des Etats du Rajasthan, du Chhattisgarh et du Gujarat (5) pour promulguer les lois similaires qui ont été votées dans leurs Etats respectifs.
Des lois anti-conversion sont en vigueur en Arunachal Pradesh (6), au Chhattisgarh (7), au Madhya Pradesh (8) et en Orissa (9). Le Tamil Nadu avait également voté une loi anti-conversion, mais celle-ci a été révoquée en 2004 (10).