Eglises d'Asie

Les évêques catholiques de rite latin invitent les laïcs à prendre toute leur place dans l’Eglise et la société indienne

Publié le 18/03/2010




“La vocation et le rôle des laïcs dans la vie et la mission de l’Eglise”. Tel était le thème central de l’Assemblée annuelle des évêques catholiques de rite latin (1), réunis du 4 au 9 janvier dernier à Alwaye, au Kerala, dans les locaux du Séminaire pontifical Saint-Joseph (Carmelgiri Seminary). Dans le communiqué signé par les évêques et rendu public à l’issue de la rencontre, on pouvait lire que “si beaucoup a été fait dans le sens de mettre les laïcs en situation de responsabilité les évêques avaient “conscience que beaucoup restait à faire”.

Les 123 évêques qui ont pris part à l’Assemblée ont affirmé leur volonté de travailler à “un changement des attitudes et des pratiques du clergé et des religieux partout où cela est nécessaire”. Pour cela, la formation des clercs “insistera sur le fait que les laïcs doivent être considérés comme des collaborateurs responsables” et, parallèlement, la hiérarchie de l’Eglise veillera à “encourager les laïcs à prendre leur juste place dans l’Eglise”.

Selon le président de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, Mgr Oswald Gracias, “il n’y a pas de grade dans l’appartenance à l’Eglise”. L’Eglise en Inde a atteint l’âge de la maturité, a-t-il déclaré, citant à l’appui de son propos le fait que le cardinal indien Ivan Dias a été choisi par le pape Benoît XVI pour diriger à Rome la Congrégation pour l’évangélisation des peuples. “Tout comme l’Eglise de l’Inde apporte sa contribution à l’Eglise universelle, il est temps que les laïcs apportent leur pleine contribution à l’Eglise de l’Inde a-t-il expliqué.

Concrètement, tous les diocèses et les paroisses de rite latin sont appelés à mettre sur pied les structures prévues par le Code de droit canonique, notamment “les structures participatives” telles que les conseils pastoraux et les conseils économiques. Au-delà, les évêques appellent les laïcs à prendre toute leur place dans la société indienne. Trop souvent, les catholiques en Inde développent “un sentiment de minorité et une mentalité de ghetto a souligné Mgr Oswald Gracias. Cette attitude doit appartenir au passé, a-t-il poursuivi, et c’est aux laïcs qu’il appartient de “transformer le monde”. C’est sur cette base que les évêques se fondent pour demander aux laïcs de prendre leur responsabilité dans l’Eglise et la société indienne, et c’est par l’engagement des laïcs que l’Eglise pourra contribuer “à transformer les situations d’injustice constatées dans le pays”.

Selon Mgr Oswald Gracias, les laïcs sont appelés à remplir pleinement leur rôle dans la société, bien sûr là “où ils sont en nombre significatif, mais aussi là où ils sont peu nombreux, comme dans le nord de l’Inde”. L’Eglise, “qui est faite des évêques, du clergé, des religieux et des laïcs peut apporter sa pierre à l’édification du bien commun, y compris là où elle est très peu présente numériquement, a insisté l’archevêque de Bombay (Mumbai).

Pour prendre toute leur place dans l’Eglise, les laïcs doivent se former, insistent encore les évêques de rite latin. “Il est indispensable de bien se former, sur un plan théologique et spirituel, pour que chacun comprennent la vocation et la mission des laïcs dans l’Eglise a ajouté Mgr Oswald Gracias. Des fonds conséquents seront débloqués à cet effet par la Conférence épiscopale, la forme que les formations pourront prendre restant du ressort des diocèses.

Selon le P. Joseph Etturuthil, recteur du Séminaire Saint-Joseph et principal organisateur de l’Assemblée, l’appel des évêques mettra sans doute du temps à être pleinement entendu. “Les choses évoluent lentement et il faudra plusieurs années pour changer les mentalités a-t-il souligné, car il est évident que certains, au sein du clergé, ne sont pas prêts à reconnaître une responsabilité réelle aux laïcs. Reprenant l’image de saint Paul sur l’Eglise comparée à un corps (1 Co. 12, 12-17), le P. Etturuthil a signalé que “les laïcs ne pourront jamais remplacer les prêtres ou les évêques mais que l’Eglise ne vivra normalement que lorsque “tous les organes qui la composent fonctionneront”.

Pour certains évêques, dont Mgr Daniel Acharuparambil, l’engagement de l’Eglise pour la formation des laïcs est déjà important. “Quand nous dépensons de l’argent pour l’éducation, l’enseignement professionnel, les hôpitaux, ce sont les laïcs qui en bénéficient, a déclaré l’archevêque de Verapoly, mais personne ne comptabilise cela comme étant de la formation au profit des laïcs.”