Eglises d'Asie

Les responsables du bouddhisme unifié sont sévèrement contrôlés dans leurs résidences, leurs déplacements et leurs séjours hors de chez eux

Publié le 18/03/2010




Depuis des années, les autorités exercent un très sévère contrôle des principaux responsables du bouddhisme unifié, de cette branche du bouddhisme qui refuse le patronage de l’Etat et le rattachement au bouddhisme officiel. Les deux plus hauts membres de la hiérarchie sont, de fait, placés sous un régime de résidence surveillée, sans qu’aucune mesure légale n’ait été prise contre eux. D’autres sont également surveillés dans leurs déplacements. Un certain nombre d’incidents survenus en décembre 2006 et ce mois-ci donnent à penser que la méfiance gouvernementale à l’égard de cette branche de la religion majoritaire reste inchangée.

C’est ainsi que le patriarche Thich Huyên Quang, en résidence forcée au monastère Nguyên Thiêu, dans la province du Binh Dinh, âgé et gravement malade, vient de se voir refuser l’autorisation de se rendre en consultation à l’hôpital franco-vietnamien de Hô Chi Minh-Ville, où le religieux avait été soigné il y a trois mois. Les médecins lui avaient alors donné rendez-vous. Selon un communiqué (1), une délégation bouddhiste, venue le chercher depuis Saigon dans sa résidence du centre du pays, a appris de la bouche même du patriarche que la police locale était venue l’avertir qu’il n’avait pas la permission de se rendre à Saigon et que son adjoint direct, le vénérable Thich Quang Dô, recteur de l’Institut pour la propagation du Dharma, n’avait pas le droit de venir lui rendre visite. Au patriarche qui leur a demandé s’ils avaient reçu des directives en ce sens, les policiers ont répondu que non, mais que, de toute façon, s’il y en avait, elles n’avaient pas à être portées à sa connaissance.

D’autres religieux, particulièrement les responsables des délégations provinciales du bouddhisme unifié, restent en butte aux tracasseries policières. Deux religieux, par ailleurs bien connus, les vénérables Thich Thiên Minh et Thich Chon Tâm, à cause des difficultés rencontrées dans leurs provinces respectives pour mener leur vie religieuse, avaient depuis quelque temps choisi de résider à la pagode Giac Hoa, de Saigon. Le premier, libéré en février 2005 après vingt-six ans de prison, avait regagné Bac Liêu, où se trouve sa pagode confisquée. Il s’est exprimé publiquement à plusieurs reprises et a eu de nombreux démêlés avec les autorités (2). Le second est persécuté par la Sécurité provinciale depuis qu’il a reçu la responsabilité de la délégation du bouddhisme unifié pour la province d’An Giang (3). Les deux religieux ont été invités à se présenter au siège de la Sécurité de Hô Chi Minh-Ville devant des représentants de la Sécurité et de la police politique.

Au vénérable Thich Thiên Minh, il a été signifié qu’il devait regagner Bac Liêu dans les 24 heures pour un entretien avec la police locale, désireuse de l’interroger sur la création par le religieux de l’“Amicale des anciens prisonniers politiques et religieux”. Celui-ci a répondu que cette association visait uniquement à susciter l’entraide entre les anciens pensionnaires des camps. Il a aussi expliqué qu’il avait quitté Bac Liêu pour éviter un jugement populaire préparé par les associations du Parti de la province et, surtout, parce que les autorités refusaient obstinément de lui restituer sa pagode de Vinh Binh, confisquée en 1979. Le vénérable Thich Chon Tâm, interrogé lui aussi sur les raisons de sa présence illégale à Saigon, a répondu qu’il avait été forcé de quitter sa pagode de Tây Huê, dans la province d’An Giang, parce que celle-ci avait été confisquée par le pouvoir local d’une manière absolument illégale.