Eglises d'Asie

Luzon : des chrétiens sensibilisent la jeunesse philippine à propos du sida par le biais d’une pièce de théâtre

Publié le 18/03/2010




Grâce à une pièce de théâtre jouée d’octobre à décembre dernier dans plusieurs localités des environs de Manille, des jeunes ont été sensibilisés aux dangers qu’une vie sexuelle irresponsable leur faisait prendre, ainsi qu’à la nécessité de montrer plus de charité et de compassion envers les personnes victimes du sida.

Cette pièce de théâtre, montée par la CCCI, la Creative Collective Center, Inc. (1), en collaboration avec la Citadel Church (2), s’intitulait “Palipat-lipat, pasalin-salin” (‘toujours en mouvement, toujours en mutation’) et était parrainée par l”UNICEF et la Banque mondiale. Les principaux acteurs étaient ceux de la troupe de théâtre de la Citadel Church. La pièce représentait une ouvrière philippine émigrée, qui, à l’étranger, contractait le virus du sida et tombait malade (3).

Au cours de huit représentations, la pièce a mis en scène le mode de transmission du sida et les moyens de s’en protéger, ainsi que les traitements existants de la maladie. La dernière séance s’est déroulée le 16 décembre à Quezon City, au Centre du film de l’Université des Philippines (UP). Des représentations ont également été données à l’auditorium de l’Ecole normale des Philippines, à Manille, et dans différentes communautés.

Parmi les quelque 500 spectateurs présents à chaque soirée, il y avait des élèves du lycée local, leurs parents, leurs amis et des employés, les responsables locaux offrant le couvert aux acteurs, à l’équipe des techniciens et aux bénévoles de la sécurité.

Genesis Calubad, un élève de 19 ans en classe de terminale de l’Institut maritime, a assisté au spectacle à Malabon. Il s’est rappelé à cette occasion que ses professeurs recommandaient aux futurs marins “de se conduire en hommes responsables » dans leurs relations sexuelles. En 2004, d’après le site Internet du Centre philippin scalabrinien des migrations, les Philippines représentaient 25 % de l’ensemble des marins du monde. Genesis Calubad, qui est catholique, s’est aussi rappelé les mises en garde d’un marin qui avait contaminé sa femme. “Toutes leurs économies y sont passés et ils ont dû quitter la ville a-t-il rapporté. “Grâce à cette pièce de théâtre, j’ai appris que les victimes du sida ne doivent pas être montrées du doigt a-t-il dit, ajoutant qu’il voulait en discuter avec ses amis et ses voisins (4).

La pièce est bâtie autour de Nerissa, une femme battue de nationalité philippine qui part travailler à Singapour. Dans son isolement, elle noue des relations intimes avec un marin contre l’avis de ses amies. De retour aux Philippines, elle découvre qu’elle est séropositive, mais, alors qu’elle désespère face à son destin, elle trouve réconfort auprès de ses amies et du personnel de santé. Son rêve, que son fils aille à l’université, la pousse aussi à se battre. Dans l’unique chanson de la pièce qui représente la communauté humaine comme une famille, Nerissa chante : “Mes blessures sont vos blessures.”

Rosario Tanedo, fondatrice et présidente du CCCI, a expliqué que c’est la vulnérabilité des jeunes Philippins au virus du sida et leurs conceptions erronées de la maladie qui avaient poussé leur groupe à monter un spectacle. Elle a cité la dernière étude de l’Institut démographique de l’UP sur la fertilité des jeunes adultes en 2004 et l’étude de la Fondation sur la recherche et le développement démographique au sujet des jeunes et de leurs conduites sexuelles à risque.

L’étude de l’UP rapporte que 23 % des jeunes sont engagés dans des relations sexuelles avant le mariage, que 35 % ont plus d’un partenaire et que 25 % disent utiliser des contraceptifs. Rosario Tanedo souligne également que 60 % de l’ensemble des sondés n’imaginent pas pouvoir un jour contracter le sida.