Eglises d'Asie

Pour la deuxième fois, les fidèles de plusieurs paroisses du diocèse de Nha Trang manifestent pour protester contre l’accaparation illégale d’une propriété d’Eglise

Publié le 18/03/2010




Le conflit de terrain qui oppose la petite congrégation Saint-Joseph aux autorités de la ville côtière de Nha Trang vient de rentrer dans une nouvelle phase sensible. Il avait débuté en 1984, date à laquelle les religieux ont réclamé aux autorités de la ville un terrain qu’ils leur avaient prêté en 1978 pour y établir une entreprise commercialisant des fruits de mer. L’affaire s’était passablement envenimée une première fois au mois d’août 2005, lorsque l’entreprise commerciale avait entamé des travaux. Le conflit s’est à nouveau réveillé au début de l’année 2007.

Le 3 janvier dernier, les fidèles et les religieux ont eu la surprise de voir reprendre les travaux de construction au N° 10 de la rue Vo Thi Sau, sur l’emplacement de l’ancienne école de la Congrégation Saint-Joseph (1). A nouveau, les fidèles des paroisses de Thanh Gia et de Khiêt Tàm sont aussitôt descendus dans la rue. Les banderoles brandies par les manifestants exigeaient l’arrêt immédiat des travaux et la restitution du terrain à la congrégation, qui a l’intention d’y élever un hôpital. Les slogans faisaient également allusion au nouveau statut international du Vietnam. Les autorités ont demandé au prêtre, responsable de la congrégation et curé des paroisses des manifestants, le P. Luu Minh Hoang, d’apaiser la population. Celui-ci a demandé aux autorités de traiter directement avec les manifestants, qui se sont adressés à la police pour savoir qui était à l’origine de cette reprise des travaux. Celle-ci a déclaré tout ignorer de cette affaire. Quant aux autorités administratives, elles ont affirmé qu’elles demanderaient aux responsables de l’entreprise commerciale de mettre un terme à cette initiative erronée. Ces dernières déclarations, ont, semble-t-il, fait baisser la tension.

La propriété contestée avait été acquise en 1954 par la Congrégation Saint-Joseph. En octobre 1978, à la requête d’une société de produits de mer du Khanh Hoa, la congrégation avait prêté à cette dernière une part de la superficie totale de la propriété pour une période de cinq ans. En septembre 2004, les religieux exposèrent, dans une requête adressée aux autorités, leur besoin de récupérer les biens empruntés pour y construire un hôpital de médecine traditionnelle. Le 4 mai 2005, une décision, intitulée 406/QD-CT, leur fut envoyée par le Comité populaire de la province de Khanh Hoa, les informant qu’en 1983, date de l’expiration du contrat, le terrain prêté par les religieux avait été attribué en pleine propriété à la société de production de produits de mer. Ainsi, grâce au silence complice de la société industrielle et des autorités civiles locales, la Congrégation Saint-Joseph avait dû attendre vingt-deux ans pour savoir qu’elle avait été dépouillée de son bien. Lorsqu’au mois d’août 2005, l’entreprise commerciale entama des travaux sur les lieux contestés, l’émotion fut à son comble, aussi bien chez les religieux qu’au sein de la population catholique (2) – une émotion que la récente reprise des travaux au début de cette année a exacerbée.

En fin de compte, avec les promesses du gouvernement, les choses se sont apaisées. Cependant, dans une interview à Radio Free Asia, le P. Luu Minh Hoang a assuré que lui et ses paroissiens resteraient vigilants, car les mêmes promesses avaient été faites en 2006. Cette fois-ci, en cas d’une tentative de reprise des travaux de construction par l’entreprise commercialisant les fruits de mer, la réaction de la population sera encore plus vigoureuse, a-t-il déclaré.