Eglises d'Asie

Probable visite du chef du gouvernement Nguyên Tân Dung au pape Benoît XVI

Publié le 18/03/2010




Au cours d’un voyage qu’il doit accomplir en Europe durant la deuxième moitié du mois de janvier, l’actuel Premier ministre, Nguyên Tân Dung, devrait rendre visite au pape Benoît XVI. La nouvelle, qui avait été annoncée le 28 décembre par la revue anglophone Saigon Times, a été diffusée le 10 janvier 2007 par France-Presse, qui se référait à des sources religieuses de Hanoi et précisait que cette rencontre était en préparation. Un peu plus tard, la même agence de presse faisait état d’une confirmation de la préparation de cette visite par une personnalité romaine dont l’identité n’a pas été confirmée, citée par l’agence I-Media. Le lendemain, une autre agence précisait même le jour de cette rencontre historique entre un chef de gouvernement communiste et le pape. Elle devait avoir lieu le 25 janvier. Pour le moment, aucune des deux parties n’a publié de communiqué officiel à ce sujet. Par ailleurs, un certain nombre d’incertitudes pèsent sur le voyage en Europe du Premier ministre vietnamien, membre important du Bureau politique. Il doit en effet participer à un plénum du Comité central du Parti qui devrait se tenir aux mêmes dates à Hanoi.

Il faut remarquer que cette rencontre probable s’inscrit dans un contexte devenu particulièrement favorable depuis le décès du pape Jean-Paul II. Dans une interview en langue vietnamienne accordée au moment du conclave (1), le cardinal-archevêque de Saigon, Mgr Pham Minh Mân notait qu’à cette époque le gouvernement avait manifesté un véritable désir de bonnes relations avec le Saint-Siège. Une directive du pouvoir central avait été envoyée à l’ambassadeur du Vietnam à Rome, lui demandant de participer à toutes les cérémonies relatives à la mort du pape et à l’élection de son successeur – en dépit de l’absence de relations diplomatiques entre les deux parties. Ce geste avait été rapporté au nouveau pape qui y fit une allusion fort claire dans un de ses premiers discours publics, une allusion relevée par les médias officiels du Vietnam. La visite au Vietnam du représentant du pape, le préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, le cardinal Crescenzio Sepe, ne pouvait manquer d’être considérée comme une marque spéciale de l’attention de Benoît XVI à ce pays (2). Tout récemment encore, lors de sa rencontre annuelle avec le corps diplomatique, le souverain Pontife n’a pas oublié de mentionner le Vietnam en rappelant sa récente adhésion à l’Organisation mondiale du commerce. Les médias officiels vietnamiens avaient d’ailleurs accueilli très favorablement l’élection du nouveau responsable de l’Eglise et ont prêté une grande attention à ses faits et gestes. C’est ainsi que le numéro de Noël 2005 de l’organe du Parti, le Nhân Dân, rapportait avec beaucoup de détails l’homélie prononcée par Benoît XVI ce jour-là appelant l’attention sur les enfants déshérités et victimes des fléaux sociaux (3).

Après la rupture des relations diplomatiques par expulsion du représentant du pape – une première fois au Nord après l’établissement de la République démocratique en 1954 et une seconde fois en 1975 après la prise de pouvoir au Sud -, les contacts diplomatiques entre le Vietnam et le Saint-Siège n’ont repris qu’en 1990, peu de temps après l’ouverture de la période dite de “dôi moi” (‘renouveau’). De sa propre initiative, le 17 mai 1990, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Nguyên Co Thach, rencontrait à Rome certains hauts responsables de la Secrétairerie d’Etat. La même année, le cardinal Etchegaray accomplissait un voyage officiel au Vietnam. A partir de cette date, chaque année, une délégation vaticane a fait le voyage à Hanoi, où elle négocie diverses affaires de l’Eglise catholique, en particulier, les nominations d’évêques. Ces négociations ont quelques fois lieu à Rome, comme en 1992 ou en 2005, où une délégation du Bureau gouvernemental a séjourné une semaine au Vatican.

Depuis 1990, nombreuses ont été les rencontres entre responsables politiques vietnamiens de haut niveau et divers représentants du Saint-Siège. Le 27 mai 2000, le ministre vietnamien des Affaires étrangères, Nguyên Dy Niên, s’est entretenu avec Mgr Jean-Louis Tauran, de la Secrétairerie d’Etat, à l’occasion du voyage en Italie d’une délégation vietnamienne conduite par le secrétaire général du Parti communiste de l’époque, Lê Kha Phiêu. Dans le cadre d’un voyage en Italie, le 29 novembre 2002, Vu Khoan, troisième Vice-Premier ministre du gouvernement vietnamien, a également rencontré les deux plus hauts responsables de la diplomatie vaticane, Mgr Jean-Louis Tauran et le cardinal Angelo Sodano.