Eglises d'Asie

Célèbes : après une fusillade à Poso qui a fait 14 morts, des responsables d’Eglise demandent aux autorités que la chasse aux terroristes soit organisée avec plus d’humanité

Publié le 18/03/2010




Dans la province de Célèbes-Centre, après qu’une fusillade entre la police et des terroristes présumés ait fait 14 morts dont un policier, à Poso, le 22 janvier dernier, des responsables de l’Eglise catholique demandent aux autorités que la chasse aux terroristes soit organisée avec plus “d’humanité 

Après l’exécution, en septembre dernier, de trois chrétiens (1) accusés d’avoir dirigé une milice dans la région de Poso, lors des affrontements interconfessionnels qui y ont fait 2 000 morts entre 1998 et 2001 (2), la police a intensifié la chasse aux militants islamiques soupçonnés d’implications dans ces conflits interreligieux. D’après Mulfahri Harahap, parlementaire et membre de la Commission pour la défense et la sécurité, “la plupart d’entre eux ont fui (Poso) dans les montagnes. Il est temps de mettre fin (à ce conflit) a-t-il déclaré, en ajoutant que leur fuite dans les montagnes facilitait leur arrestation, car la police évitait ainsi le risque de tuer des innocents (3). Selon le P. Jimmy Tumbelaka, de la paroisse Sainte-Thérèse, à Poso, même si les personnes recherchées sont des terroristes présumés, les autorités doivent agir avec plus “d’humanité 

D’après le prêtre, c’est la police qui, le 22 janvier, a lancé l’assaut après que 29 personnes suspectées de terrorisme et recherchées pour détention d’armes et implication dans les violences interreligieuses, aient refusé de se rendre à la police, fin novembre dernier. Six d’entre elles avaient depuis été arrêtées et d’autres s’étaient rendues. Toutefois, la version officielle sur la fusillade diffère : selon le chef de la police de Célèbes-Centre, ce sont des civils armés qui ont déclenché les hostilités, en lançant des roquettes sur les policiers (4).

D’après le prêtre, la situation reste tendue, car, même si la police continue ses recherches, la population collabore peu avec les forces de l’ordre, de peur de représailles de la part des militants islamiques. Précisant que les civils détiennent des armes à feu, le P. Jimmy Tumbelaka ajoute : “La question à se poser est la suivante : où les civils trouvent-ils des armes à feu, des bombes et des munitions ?” Selon lui, il apparaît urgent que la police fasse respecter les lois, qu’elle agisse de manière professionnelle et qu’elle dépose des plaintes contre les terroristes arrêtés auprès des tribunaux concernés. Même si les hommes capturés sont des musulmans, ajoute-t-il, leur arrestation et leur procès ne doivent pas être transformés en problème d’ordre religieux.

Le P. Jimmy Tumbalaka – qui a été le conseiller spirituel de Fabianus Tibo, Dominggus da Silva et Marinus Riwu, les trois catholiques de Poso exécutés en septembre 2006 – a également demandé aux autorités de faire le maximum pour arrêter les seize personnes identifiées par Fabianus Tibo comme étant les instigateurs des émeutes de mai 2000. “Le gouvernement doit résoudre de manière transparente les conflits qui ont frappé Poso afin de gagner la confiance de la population a-t-il précisé, en ajoutant que les violences profitent à d’autres et qu’elles sont le reflet de “l’échec des gouvernements local et central 

Le secrétaire général de la Commission ‘Justice et Paix’ de l’épiscopat catholique a, quant à lui, appelé le gouvernement au dialogue et à la négociation avant d’utiliser des mesures répressives. “Sinon d’autres personnes seront victimes” des répressions, a-t-il déclaré. Pour le vice-président de l’Indonésie, Jusuf Kalla, qui s’exprimait le 22 janvier dernier devant les médias, même si la chasse aux terroristes a coûté des vies, le gouvernement ne ralentira pas ses efforts pour ramener la sécurité à Poso. D’après des habitants de la ville, certaines des victimes de la fusillade sont innocentes, mais la police maintient que les personnes qui ont été tuées étaient recherchées par ses services depuis longtemps.