Eglises d'Asie – Inde
Chhattisgarh : près de 90 000 aborigènes ont manifesté dans les rues de Jashpur pour protester contre les tentatives de l’Etat visant à récupérer des terres appartenant à l’Eglise
Publié le 18/03/2010
Des laïcs catholiques ont mené une marche de quatre heures à travers la ville, après que les responsables de l’Eglise catholique aient déposé un rapport aux représentants gouvernementaux du district. Selon le P. Habil Kujur, des militants nationalistes hindous avaient pourtant appelé à la fermeture de la ville le 22 janvier, pour empêcher les participants de se rendre au rassemblement. La plupart des personnes ont donc rejoint le convoi en vélo, en tracteur ou à pied, certains d’entre eux ayant fait jusqu’à 20 km avec des nourrissons portés sur le dos.
D’après des manifestants, le gouvernement de l’Etat, issu du BJP, le parti nationaliste hindou, détourne une loi qui interdit aux personnes non aborigènes d’acheter des terres appartenant aux aborigènes, en portant plainte contre des institutions catholiques, qui, par le passé, ont acheté des terres aux aborigènes. Selon Vinayak Dutt Sharma, l’avocat des institutions catholiques, les représentants du gouvernement ont même déposé plainte pour des terres achetées avant 1959, année où cette loi est entrée en application. De plus, pour les terres achetées après 1959, les acheteurs étant également aborigènes, la dite loi n’est pas applicable, déclare-t-il, en ajoutant que les plaintes du gouvernement sont essentiellement “d’ordre politique
Mgr Kindo explique qu’à l’époque, les terres non aborigènes n’étaient pas à vendre et que les missionnaires avaient acheté des terres appartenant aux aborigènes, par l’intermédiaire de prêtres et de religieuses aborigènes. D’après le prélat du lieu, les autorités ont déposé 262 plaintes contre l’Eglise, mais aucune contre des usuriers ou des temples hindous alors qu’ils ont également acheté des terres aux aborigènes.
Dans de nombreux cas, les fonctionnaires de Jashpur font pression pour que les vendeurs de terres aborigènes déclarent leurs terres et, s’ils ne le font pas, menacent de réquisitionner leurs terres, précise le P. Edmund Bara, responsable de la communication du diocèse. L’une des dernières saisies opérées par les autorités locales concerne le couvent des religieuses de la Sainte Croix, où les autorités locales ont réquisitionné 4,85 hectares de terre, près de la paroisse de Badakoronja. En apprenant la nouvelle, les catholiques ont sonné les cloches et quelque 2 000 aborigènes se sont rassemblés pour protester contre cette “injustice aucune plainte n’ayant été déposée contre les religieuses en question auprès des autorités locales. “Ces terres ont été vendues par mes parents, il y a 30 ou 40 ans, a déclaré Prakash Toppo, sexagénaire. La mission est à notre service, nous ne voulons pas de ce terrain. »
Pourtant, d’après Durgesh Mishra, le percepteur local, les fonctionnaires “n’agissent pas sous pression politique La Haute Cour de l’Etat leur a simplement demandé de “régler tous les cas de ce type dans les six prochains mois, et c’est ce que nous faisons a-t-il déclaré à l’agence Ucanews.
Louis Beck, un militant du Parti du Congrès, a toutefois précisé que cette loi est seulement appliquée à Jashpur, ville qui a “la plus forte population catholique de l’Etat Sur une population de 740 000 habitants dans le district – qui a les mêmes délimitations géographiques que celles du diocèse -, on compte 185 500 catholiques, répartis en 50 paroisses, soit 25 % de la population (1). La plupart d’entre eux sont des Oraon, la minorité ethnique majoritaire de la région.
Pour Tauhed Alam, un musulman membre du Parti communiste, le gouvernement “agit contre les intérêts des minorités les chrétiens et les musulmans. Le gouvernement n’ayant pas de moyens pour éduquer les populations aborigènes, “il cherche à démolir les écoles existantes Selon un aborigène non chrétien, le gouvernement “ne souhaite pas le développement des peuples aborigènes puisqu’il ne veut pas que les missionnaires les éduquent