Eglises d'Asie

Décès de Mgr Paul Marie Nguyên Minh Nhât, ancien évêque de Xuân Lôc, ancien président de la Conférence épiscopale, après trente-cinq ans d’épiscopat

Publié le 18/03/2010




En la personne de Mgr Paul Marie Nguyên Minh Nhât, c’est une grande figure du catholicisme vietnamien qui vient de s’éteindre. Cet ancien évêque du diocèse de Xuân Lôc, qui avait quitté sa charge depuis à peine deux ans, avait su conjuguer en lui des qualités d’ordinaire contradictoires : la dignité et l’humilité, la rigueur et l’esprit de conciliation, une spiritualité profonde et un sens de la réalité très aigu. Mgr Nhât est décédé le 17 janvier dernier, à l’hôpital Cho Rây de Ho Chi Minh-Ville. La cérémonie des obsèques, placée sous la présidence du responsable de la Conférence épiscopale, Mgr Nguyên Van Hoa, a attiré une grande foule autour de l’église de Xuân Lôc, où elles ont été célébrées.

Mgr Paul Marie Nhât était né le 12 septembre 1926 à Thuong Kiêm, village de la province de Ninh Binh, dans le nord du Vietnam. En 1952, à l’âge de 25 ans, il fut ordonné prêtre dans le diocèse de Phat Diêm, diocèse dirigé alors par le célèbre Mgr Lê Huu Tu, dont on connaît l’engagement concret au cours de la première guerre du Vietnam. La même année, il fut envoyé poursuivre des études supérieures au Canada. C’est au cours de son séjour à l’étranger, en 1954, que furent signés les accords de Genève consacrant la séparation du Vietnam en deux Etats. Une bonne partie du clergé et des fidèles de son diocèse participa alors à l’exode général et s’établit dans le sud. Lorsqu’il revint au pays en 1955, il retrouva ses confrères du diocèse de Phat Diêm vivant désormais au Sud et reçut pour mission la direction spirituelle dans divers petits séminaires, direction qui a marqué profondément de nombreux prêtres, comme eux-mêmes l’ont confié au moment de ses obsèques. Il se trouvait au petit séminaire Saint-Paul de Xuân Lôc à la fin du mois d’avril 1975 lorsque le Vietnam fut unifié sous le pouvoir communiste.

Trois mois seulement après le changement de régime au Sud-Vietnam, l’évêque du diocèse de Xuân Lôc, en vertu des pouvoirs spéciaux reçus du Saint-Siège, l’appelait pour être son coadjuteur. La cérémonie de consécration épiscopale fut célébrée discrètement à l’intérieur de l’archevêché. Les années qui suivirent le changement de régime d’avril 1975 furent particulièrement difficiles à Xuân Lôc, où se trouvaient de nombreux chrétiens réfugiés, venus du Nord en 1954. En 1988, il devient évêque du diocèse. A partir de 1989, époque où les institutions de l’Eglise catholique commencent à fonctionner avec plus de facilité, où une délégation romaine conduite par le cardinal Etchegaray accomplit une visite officielle au Vietnam, une nouvelle charge nationale lui est confiée. Il est élu président de la Conférence épiscopale, responsabilité qu’il assumera pendant deux mandats. En 1990, de passage à Paris, après une visite “ad limina” à Rome, il accordera une interview à Eglises d’Asie, dans laquelle il expliquera clairement l’évolution actuelle des rapports de l’Eglise et de l’Etat. Il note le changement de vision de la religion qui s’est opérée dans l’esprit des dirigeants. Il relève les améliorations qui ont eu lieu, tout en soulignant les nombreuses limites qui existent encore (1). C’est sous sa direction que la Conférence épiscopale prendra l’habitude, à l’issue de chacune de ses réunions annuelles, d’envoyer une sorte de lettre de doléances au gouvernement énumérant les divers obstacles à la liberté religieuse et proposant leur élimination. Le 11 novembre 2004, ayant dépassé l’âge de la retraite des évêques depuis quelques années et souffrant d’hypertension depuis longtemps, Mgr Nhât se retira à l’intérieur du diocèse.