Eglises d'Asie

Karnataka : des violences interconfessionnelles entre hindous et musulmans ont gravement perturbé le quartier autour de la basilique Ste Marie de Bangalore

Publié le 18/03/2010




Couvre-feu et tirs à vue ont fini par venir à bout de trois jours d’un conflit sanglant qui a mis aux prises hindous et musulmans dans un des quartiers de la banlieue de Bangalore. Le conflit a commencé le 19 janvier près de la basilique Ste Marie, à Shivaji Nagar, une banlieue commerçante de Bangalore, capitale du Karnataka. Des jeunes musulmans avaient organisé une marche de protestation contre la pendaison de Saddam Hussein, l’ancien dictateur irakien, mais, sur leur passage, ils ont déchiré des banderoles annonçant une réunion hindoue pour le surlendemain, ce qui a déclenché les violences.

C’est le 21 janvier qu’elles ont atteint leur paroxysme quand les hindous, à leur tour, ont défilé pour commémorer la naissance de Madhavrao Sadashivrao Gowalkar, le chef en second du Rashtriya Swayamsevak Sangh (Corps national des volontaires, RSS), organisation regroupant des groupes de l’extrême droite hindoue. Des émeutes en ont résulté et un garçon a été tué, tandis que les troubles s’étendaient rapidement à d’autres quartiers. Les émeutiers ont brûlé des autobus, des maisons et des magasins. Quand le couvre-feu a fini par s’imposer, on comptait une quarantaine de blessés.

Le P. Sahaya Raj, vicaire de la basilique de Shivaji Nagar, a confirmé que, protégée par la police, l’église n’avait subi aucun dommage. “Nos paroissiens sont indemnes, mais beaucoup n’ont pu participer à la messe du dimanche et ceux qui sont venus n’ont pas pu repartir a-t-il expliqué. Anthony Raj, témoin oculaire de ces émeutes, a raconté qu’ils étaient venus en famille à la messe du dimanche et qu’ils avaient été pris au piège. Il dit avoir été étonné que les musulmans aient choisi une date proche de celle du rassemblement hindou pour protester contre l’exécution de Saddam Hussein, qui a eu lieu le 30 décembre. D’après lui, les tensions interconfessionnelles auraient été délibérément provoquées pour perturber la Virat Hindu Samajotsa hindoue (‘grande réunion de l’amitié’), une occasion pour les hindous d’organiser des rencontres dans différents quartiers de la ville (1).

En plusieurs endroits, des pierres ont été lancées sur des bâtiments, dont une mosquée et des maisons musulmanes proches de Shivaji Nagar. D’après le P. Sahaya Raj Raj, les émeutes se sont étendues jusqu’à la banlieue est de la ville, où vivent un nombre assez important de catholiques. Un Eurasien chrétien, propriétaire d’une maison, a menacé avec un fusil les émeutiers qui avaient brisé ses fenêtres à coup de pierres. La foule a alors saccagé sa maison et a obligé la famille à s’enfuir. John Peter, un employé de la basilique, a témoigné que l’église avait pratiquement été désertée par ses fidèles pendant les deux messes dominicales célébrées en matinée et que les prêtres avaient supprimé la messe du soir en anglais après que les émeutiers les eurent obligés à fermer les portes de l’église.

Le commissaire de police, N. Achutha Rao, a témoigné devant les médias que la police avait ouvert le feu à Shivaji Nagar, après avoir chargé à la matraque et à la grenade lacrymogène, sans réussir à venir à bout de la foule. Il a précisé que le couvre-feu resterait en vigueur pour au moins deux jours. Le lendemain, lundi 22 janvier, les écoles ont été fermées et, à l’exception des mariages et des funérailles, aucune cérémonie religieuse n’a été célébrée.