Eglises d'Asie

Selon Human Rights Watch, le bouddhisme unifié et les Eglises chrétiennes locales sont les principales cibles de la répression religieuse

Publié le 18/03/2010




Dans son rapport sur la situation des droits de l’homme dans le monde en 2006 (1), l’association Human Rights Watch reste encore très pessimiste sur le Vietnam et introduit ainsi le chapitre concernant ce pays : “Bien que bénéficiant d’un des taux de croissance les plus élevés en Asie, ce pays reste à la traîne derrière beaucoup d’autres en ce qui concerne le respect des droits de l’homme fondamentaux. » Les auteurs de ce bilan annuel mentionnent le mouvement de grèves qui s’est développé à la fin de l’année 2005 et durant les premiers mois de l’année suivante. Ils évoquent également la naissance et la croissance d’un mouvement pro-démocratique ainsi que la répression qu’il a rencontrée. Le rapport s’est aussi largement étendu sur les obstacles opposés par l’Etat à la liberté d’expression, en particulier dans le domaine d’Internet spécialement contrôlé et censuré. Les observateurs de Human Rights Watch se sont aussi efforcés de décrire avec soin la situation actuelle dans le domaine religieux.

Il est d’abord rappelé que, si l’Ordonnance de 2004 sur la croyance et la religion affirme le droit à la liberté de religion, elle stipule ensuite que tout groupe religieux, pour être légal, doit se faire enregistrer. Le texte législatif interdit toute activité religieuse susceptible de provoquer un trouble à l’ordre public ou de porter atteinte à la sécurité et à l’unité nationales. Ce sont les religions non reconnues que les autorités ont persécuté en supprimant leurs rassemblements religieux, confisquant les équipements cultuels ou convoquant leurs dirigeants à des interrogatoires policiers. Human Rights Watch relève, parmi les religions non reconnues, le bouddhisme unifié – dont les deux plus hauts dirigeants sont en résidence surveillée de fait – et des groupes de chrétiens se rassemblant dans des maisons privées pour la prière et le culte.

La situation des communautés chrétiennes locales est plus longuement décrite. A la suite de directives du Premier ministre de février 2005, un processus d’enregistrement des Eglises locales a été mis en place et proposé aux groupes chrétiens concernés. Or plusieurs centaines de ces communautés qui ont déposé une demande d’enregistrement ont vu cette requête rejetée ou ignorée, ou encore renvoyée sans que l’enveloppe ait été ouverte. Selon le rapport, ce fut le cas de quelque cinq cent Eglises de la région montagneuse du nord-ouest du Vietnam. Au centre du Vietnam, quelques-unes en lien avec l’Eglise évangélique du Vietnam (EEV) – en bons termes avec l’Etat – ont pu être enregistrées. Les autres ont subi de fortes pressions pour rejoindre l’EEV ou encore ont été pressées de renoncer à leurs croyances, bien que l’ordonnance de 2005 interdise formellement ce genre de pratique.

Au chapitre des prisonniers de conscience, l’organisation américaine de défense des droits de l’homme estime que, depuis 2001, date des premières manifestations publiques sur les Hauts Plateaux, plus de 350 Montagnards ont été condamnés à des peines de prison par les tribunaux locaux, en grande partie du fait de leurs croyances religieuses.