Eglises d'Asie

Si la nouvelle de la mort de l’abbé Pierre est passée relativement inaperçue, son ouvre n’en reste pas moins connue en Asie

Publié le 18/03/2010




En Asie, la nouvelle de la mort de l’abbé Pierre survenue le 22 janvier dernier à Paris, est passée relativement inaperçue dans la mesure où sa personne n’était pas particulièrement connue du grand public. L’ouvre de l’abbé Pierre, à travers celle des Compagnons d’Emmaüs, lui survit toutefois à travers un réseau d’associations, présentes dans cinq pays d’Asie, en Corée du Sud, au Japon, au Bangladesh, en Inde et en Indonésie. Sur ce continent comme en France et dans le monde (1), Emmaüs s’est développé à partir d’initiatives locales et spontanées, dans des champs très variés : récupération et recyclage, agriculture et élevage, alphabétisation, défense des droits de l’homme, formation, logement, protection de l’environnement et santé. En Inde, l’action avait gagné une plus grande visibilité à la suite des actions engagées après le tsunami de décembre 2004 et c’est ainsi que le dernier prix décerné du vivant de l’abbé Pierre l’a été dans ce pays : la veille de son décès, le journal indien Makkal Santhippu, très lu en milieu rural, lui a en effet décerné un prix en tant que fondateur International, pour son grand travail.

C’est au Japon que l’ouvre de l’abbé Pierre en Asie a débuté. Au tout début des années 1950, une jeune Japonaise, Kitahara Satoko, issue d’un milieu aisé et convertie au christianisme, vient en aide à une communauté de chiffonniers, sur les conseils d’un franciscain japonais, le frère Zénon. Quelque temps plus tard, un missionnaire français, le P. Robert Vallade, des Missions Etrangères de Paris (2), entre en contact avec cette communauté. En 1956, celui-ci prend conseil auprès de l’abbé Pierre, qui lui dit que l’important est de “ne pas se transformer en marchand de soupe, mais de donner un métier” à ceux qui vivent dans la misère. Ari no kai, la ‘Cité des fourmis’, prend forme. A partir du Japon, le P. Vallade participera, au début des années 1960, à l’implantation des Compagnons en Corée du Sud.

En Inde, c’est dès la fin des années 1950 que des volontaires des ‘Hirondelles’ (Swallows), un des membres suédois du mouvement, fondent des initiatives d’aide aux plus pauvres (éducation des enfants, santé, promotion des femmes par des activités artisanales, etc.). Du fait de la législation indienne, en 1978, ces initiatives sont confiées à des associations indiennes et, aujourd’hui, cinq associations sont actives dans le pays, dont quatre au Tamil Nadu.

Au Bangladesh, l’action des Compagnons d’Emmaüs est elle aussi née de l’initiative des ‘Hirondelles’. Le village de Thanapara, situé au nord-ouest du Bangladesh, a souffert en 1971 du massacre d’une centaine d’hommes désarmés par l’armée pakistanaise, pendant la guerre d’indépendance. En 1973, ‘Les Hirondelles’ (Swallows) de Suède, entendant parler du massacre et du désespoir des survivants, commencent un programme d’aide aux veuves de Thanapara par la création d’ateliers artisanaux (tissage, teinture, couture, broderie et jute). Le groupe Thanapara Swallows, loin de la récupération et de la vente d’objets usagés, a adapté ses activités au contexte économique et culturel local. Aujourd’hui, ces ateliers artisanaux regroupent deux cents femmes. Les produits sont vendus sur place ainsi qu’au Japon et en Europe, dans le cadre du commerce équitable. Une école informelle accueille trois cents enfants issus de familles pauvres. Thanapara Swallows mène d’autres programmes : micro-crédit, lutte contre la pollution de l’eau par l’arsenic et, enfin, il aide les sans-terre à s’organiser pour bénéficier de l’attribution de terres par le gouvernement.

En Indonésie, l’association Yayasan Penghibur est active à Java, auprès des lépreux et des enfants abandonnés. Elle se finance par la production de meubles et sculptures en teck, issu de forêts renouvelées. De plus, le tsunami de décembre 2004 a été l’occasion de démarrer un programme d’aide à moyen terme. Emmaüs International travaille en partenariat avec deux ONG à la reconstruction et à la relance de l’économie locale dans trois villages dévastés (Cotjaja, Kupula et Sigli), dans la région de Banda Aceh. Avant le printemps 2007, plus de 800 familles devraient être relogées dignement dans des maisons traditionnelles aux normes parasismiques.