Eglises d'Asie

Un missionnaire irlandais, enquêtant sur les opérations minières aux Philippines et leurs conséquences sur les populations locales et l’environnement, s’est vu refusé l’accès au sol philippin

Publié le 18/03/2010




Arrivé le 5 janvier dernier à l’aéroport international de Manille, le P. Frank Nally, missionnaire irlandais de la Société de Saint-Colomban, a été retenu durant une nuit dans des locaux du ministère de la Justice avant d’être placé sur un vol en partance pour Hongkong. Selon le supérieur de la Société de Saint-Colomban aux Philippines, de toute évidence, le P. Nally figurait sur une liste de personnalités indésirables aux Philippines, mais les autorités n’ont pas motivé leur refus d’accepter le missionnaire irlandais sur leur sol.

Missionnaire durant neuf ans aux Philippines, dans le sud du pays à la fin des années 1980 et au début des années 1990, le P. Nally était revenu dans le pays en juillet dernier. Il accompagnait Clare Short, ministre du gouvernement britannique de 1997 à 2003 et membre du Parlement à Londres, en visite aux Philippines pour y enquêter sur les conséquences de l’activité minière. Le voyage d’étude visait à vérifier des plaintes selon lesquelles les compagnies minières ne respectent pas leurs obligations en matière de protection de l’environnement et de droit des populations locales. Le voyage, d’une durée de dix jours, répondait à une invitation de l’épiscopat catholique philippin, qui avait demandé, en janvier 2006, l’aide de la communauté internationale pour faire prévaloir les droits des populations locales victimes des opérations minières (1). Au cours de ce voyage, le P. Frank Nally a notamment enquêté sur des accusations de corruption impliquant des officiels locaux à Midsalip, dans la province de Zamboanga del Sur, où le missionnaire irlandais était actif dans les années 1990.

Selon le supérieur de la Société de Saint-Colomban aux Philippines, la visite du groupe d’enquête en juillet dernier était parfaitement “transparente ses membres rencontrant des responsables de l’administration, des sociétés minières et des représentants des populations locales. “Rien n’a été fait de manière clandestine. Ils ont dit à tous qu’un rapport serait rédigé à l’issue de cette visite et que le gouvernement et les sociétés minières auraient toute latitude pour y répondre a précisé le supérieur, qui a ajouté que le P. Nally n’avait nullement l’intention de manifester lors du sommet des chefs d’Etat de l’ASEAN, qui s’est déroulé à Cebu du 10 au 15 janvier, et que son expulsion ne pouvait donc être liée à cette actualité.

Le P. Lucio Bula, missionnaire de la congrégation des scalabriniens, disparu le 31 décembre dernier dans la région de Cagayan de Oro, sur l’île de Mindanao (2), a donné de ses nouvelles vers le milieu du mois de janvier. Il est vivant et se porte bien. Il se trouve à Manille, où il reste caché. L’inquiétude soulevée par sa disparition a donc fait place au soulagement et les craintes de Mgr Antonio Ledesma, archevêque de Cagayan de Oro, quant à un possible enlèvement ont disparu.

Selon le responsable de la communication de l’archidiocèse de Cagayan de Oro, le P. Lucio Bula, 46 ans, aurait décidé de disparaître dans la nature et de se cacher durant plusieurs jours pour échapper à trois hommes armés qui le poursuivaient. Les menaces pesant sur le prêtre seraient liées au passé de sa famille, dont des membres ont été tués dans les années 1980 car suspectés de faire partie d’un mouvement communiste.