Eglises d'Asie

Hongkong : plusieurs milliers d’employés de maison philippins, soutenus par des Eglises chrétiennes, ont manifesté devant le consulat des Philippines contre une nouvelle loi les concernant

Publié le 18/03/2010




Le 4 février dernier, pour le deuxième dimanche consécutif, des milliers d’employés de maison philippins travaillant à Hongkong – la plupart des femmes – ont manifesté pendant leur jour de repos hebdomadaire, près du consulat philippin, afin de demander la démission du ministre du Travail du gouvernement philippin et le retrait de la loi visant à mieux former les travailleurs migrants. Différentes Eglises chrétiennes étaient également venues participer au rassemblement pour les soutenir dans leurs démarches.

Près de 1 000 membres de l’Eglise Jesus is Lord (JIL), le plus important groupe chrétien évangélique philippin, étaient aux côtés des manifestants, ainsi que treize autres groupes chrétiens et des paroisses catholiques. “Les gens d’Eglise ne font pas que prier, ils agissent aussi a déclaré le Rév. Edgar Robles, pasteur de Jesus is Lord, devant une foule de près de 3 000 Philippins réunis à Harcourt Garden, tout proche du consulat de leur pays.

Cette nouvelle loi exige que les employés de maison philippins travaillant à l’étranger suivent dans leur pays d’origine un stage d’aptitude pendant deux à trois semaines ainsi que des tests d’évaluation agréés par le Secrétariat aux affaires sociales des travailleurs migrants (Overseas Workers’ Welfare Administration). Ainsi, ils seront déclarés aptes à travailler à l’étranger. Ce stage coûtera entre 10 000 à 15 000 pesos (entre 160 et 240 euros) à chaque travailleur, alors que les employés de maison qui travaillent à Hongkong gagnent en moyenne 450 dollars par mois.

Selon Dolores Balladares, présidente Migrants Coordinating Body (AMCB), l’organe de coordination des travailleurs migrants asiatiques qui organisait la manifestation, ce projet de loi n’est rien d’autre que du “racket. Ils (les membres du gouvernement philippin) exploitent les travailleurs migrants a déclaré la présidente. Un rapport du ministère du Travail et de l’Emploi a toutefois précisé que des modifications avaient été apportées à la loi en question et que ces mesures ne s’appliqueraient pas aux domestiques migrants ayant déjà un visa de travail ou ayant signé un contrat de travail avant le 1er mars 2007. “Cette réforme s’inscrit dans une démarche à long terme qui vise à mieux protéger les domestiques contre les abus dont ils sont victimes a déclaré Arturo Brion, ministre du Travail, en ajoutant qu’un nombre croissant d’injustices était commis contre les migrants, particulièrement en Arabie saoudite et à Singapour.

A Hongkong, les Philippins constituent la communauté immigrée la plus importante, avec 120 000 employés de maison. Selon le gouvernement philippin, ce sont 1,5 million de Philippin°e)s qui travaillent comme employés de maison à l’étranger et, au total, les travailleurs migrants philippins sont environ neuf millions, sur les 89 millions d’habitants des Philippines. La plupart d’entre eux ont émigré en Amérique du Nord, au Moyen-Orient, en Asie de l’Est et en Europe, les hommes travaillant essentiellement dans le bâtiment ou comme marins, et les femmes comme infirmières ou employées de maison.

Les employés de maison représentent près de 40 % de cette main-d’ouvre, dont un tiers, d’après les autorités philippines, n’aurait pas de contrat ou de visa et ne bénéficie pas d’un salaire minimum. En janvier dernier, le gouvernement philippin a fait voter une loi qui fixait le salaire minimum des domestiques migrants à 400 dollars (300 euros) contre 200 auparavant. En 2006, la diaspora philippine a envoyé l’équivalent de 9,2 milliards d’euros dans l’archipel.