Eglises d'Asie

La création d’une nouvelle paroisse – la première en dehors de la capitale Oulan-Bator – témoigne de l’essor de l’Eglise catholique de Mongolie

Publié le 18/03/2010




Le 7 avril prochain, lors de la veillée pascale, vingt-trois jeunes enfants et catéchumènes seront baptisés dans la foi catholique au sein de la toute jeune paroisse de Darkhan, la deuxième ville la plus importante du pays. Pour le curé de cette paroisse, le P. James Cheruwathur, salésien de Don Bosco, ces baptêmes représentent un pas important dans la croissance de la communauté catholique locale. Présents depuis quelques années dans cette ville industrielle située à 200 km au nord de la capitale Oulan-Bator (Ulaanbaatar), les missionnaires salésiens de Don Bosco sont au nombre de trois. A leur arrivée, “personne ne savait vraiment ce qu’était le catholicisme, témoigne le missionnaire. Nous avons commencé en allant à la rencontre des gens, en leur parlant, nous souciant plus particulièrement du contact avec les jeunes.” Les 23 baptêmes de la veillée pascale représenteront un doublement de la communauté catholique locale, qui compte aujourd’hui 22 fidèles.

Avec au total quelques centaines de fidèles, l’Eglise catholique en Mongolie est très modeste. La présence contemporaine de l’Eglise dans ce pays remonte à août 1992, date de l’ouverture de relations diplomatiques entre Oulan-Bator et le Saint-Siège. Bienvenue par le nouveau pouvoir qui souhaitait ouvrir le pays à l’étranger après sept décennies de communisme, la mission catholique fut confiée aux Missionnaires du Cour Immaculé de Marie (CICM) d’origine belge, plus communément désignés sous le nom de “scheutistes”, et c’est un Philippin, le P. Wenceslas Padilla, qui en a pris la tête. Erigée en mission sui iuris, élevée au rang de préfecture apostolique en 2002, l’Eglise s’est peu à peu développée, à Oulan-Bator principalement avec la création de trois paroisses, mais également à l’extérieur de la capitale (1). Dès la fin des années 1990, Mgr Wenceslas Padilla envoyait des prêtres en voyage de prospection à Darkhan et à Erdenet, autre ville industrielle du nord du pays (2).

A Darkhan, les trois missionnaires salésiens sont aidés dans leur tâche par quatre religieuses Missionnaires de la Charité. Selon le P. James Cheruwathur, le peuple mongol est “simple de cour, mais très pauvre. Nous avons le devoir de l’assister spirituellement. Notre apostolat passe par une aide très simple et nous nous efforçons de leur donner la possibilité d’améliorer leur vie, par des cours d’informatique et des leçons d’anglais. Les autorités, qui sont issues de l’ancien Parti communiste, sont satisfaites de notre travail et elles nous ont donné la permission de construire une église.”

Pour Mgr Wenceslas Padilla, l’ouverture de cette nouvelle paroisse à Darkhan est un signe d’espérance pour l’avenir de l’Eglise en Mongolie, mais il ne cache pas que la mission y est difficile. De la première évangélisation du pays, au XIIIe siècle, il ne reste aucune trace et, après soixante-dix ans de communisme, “il n’y a plus de mémoire de la présence de communautés chrétiennes – à la différence de la Chine voisine souligne-t-il. Par ailleurs, la culture locale, notamment religieuse, avec le renouveau du bouddhisme tibétain et du chamanisme, demeure assez hermétique au message chrétien et la petite Eglise de Mongolie souffre du fait qu’une partie des nouveaux convertis – un sur trois environ – a déjà quitté le pays pour chercher un avenir meilleur en Corée du Sud, à Taiwan, au Japon, en Europe ou aux Etats-Unis (3).