Eglises d'Asie

Le bouddhisme unifié développe et renforce son organisation nationale malgré les efforts des autorités pour l’en empêcher

Publié le 18/03/2010




Patiemment, le bouddhisme unifié continue de consolider son organisation nationale et de développer ses délégations provinciales. C’est ainsi que de nouvelles délégations viennent d’être créées dans les provinces de Binh Thuân et de Tiên Giang (1). Cependant, malgré l’ouverture au religieux constatée depuis le début de cette année, l’opposition des autorités vietnamiennes au développement et à l’organisation régionale du bouddhisme unifié n’a pas cessé. En témoigne la campagne de répression que dénonçait au début de ce mois un communiqué du Bureau international d’information du bouddhisme unifié (2). Les actions policières se sont multipliées dans les diverses régions où des délégations ont été créées au cours des années précédentes. L’offensive s’est surtout développée dans les provinces de Binh Dinh, Thua Thien, Huê et d’autres, mais aussi à Hai Phong, au nord du pays, où un religieux a été chassé de sa pagode.

Dans le Binh Dinh, le patriarche Thich Huyên Qiang, qui, au mois de décembre dernier, s’était vu refuser l’autorisation d’aller se soigner dans un hôpital de Saigon, réside toujours dans sa pagode de Nguyên Thiêu où la surveillance policière a été renforcée. Les membres de la délégation provinciale du bouddhisme unifié sont convoqués fréquemment par la police. Son responsable principal, le vénérable Thich Tâm Liên, est isolé dans sa pagode dont la police dissuade la fréquentation aux fidèles. Le sanctuaire ancestral de Thâp Thap est l’objet de la même surveillance policière le jour des fêtes. Des religieux venus de Ho Chi Minh-ville ont été convoqués et interrogés par les autorités.

A Huê, une importante fête avait été prévue pour le 25 janvier dans la pagode Phuoc Thanh. Elle était destinée à présenter les responsables religieux et laïques du mouvement de jeunesse bouddhiste, la “famille bouddhiste”. Les autorités policières se sont efforcées d’empêcher cette célébration, en convoquant les principaux responsables à des interrogatoires où ils ont reçu toutes sortes de menaces. Les familles des fidèles ont reçu la visite de policiers les dissuadant de participer à ce rassemblement. Celui-ci a cependant eu lieu, en dépit d’un considérable déploiement de policiers.

D’autres harcèlements ont eu lieu dans les provinces de Dông Nai et de Bac Liêu. La police n’épargne pas non plus les religieux bouddhistes du nord manifestant la même volonté d’indépendance à l’égard du gouvernement que le bouddhisme unifié. Ainsi, le vénérable Thich Mân Thiên, de la pagode de An Lac, dans la province de Hai Phong, dans le nord du pays, a été prié de quitter le lieu où il voulait mener sa vie religieuse. L’ordre émanait de l’Eglise bouddhiste officielle patronnée par l’Etat. Selon le religieux, cette mesure avait été prise contre lui, parce qu’il avait l’intention de se rattacher à l’Eglise bouddhiste unifiée. Avec un groupe de bouddhistes, il est allé manifester au comité populaire de la province son refus de se soumettre à cet ordre.

Enfin, selon une dépêche de France-Presse du 14 février, les autorités vietnamiennes ont refusé un visa au président de la fondation Rafto, fondation norvégienne pour la défense des droits de l’homme. En septembre dernier, pour ses efforts “en faveur de la démocratie et de la liberté d’expression le vénérable Thich Quang Do avait reçu le prix décerné chaque année par cette fondation. Il avait renoncé à aller chercher lui-même sa distinction, de peur de ne pas être autorisé à rentrer au Vietnam par la suite. Au début du mois de mars prochain, le président de la fondation norvégienne avait prévu un voyage au Vietnam pour rencontrer le moine bouddhiste, mais une lettre de l’ambassade du Vietnam à Copenhague l’a récemment informé de l’impossibilité de ce voyage.