Eglises d'Asie

L’évêque de Butuan a démissionné de la Commission Melo chargée d’enquêter sur les meurtres extrajudiciaires qui, fin janvier, a conclu à l’implication de l’armée dans nombre de ces crimes

Publié le 18/03/2010




Le 31 janvier dernier, Mgr Juan de Dios Pueblos, évêque de Butuan, diocèse situé dans le nord de l’île de Mindanao, a déclaré à l’agence Ucanews qu’il démissionnait de la Commission Melo pour cause de surcharge de travail (1). La Commission Melo, mise en place en août dernier par la présidente des Philippines, afin d’enquêter sur la multiplication des meurtres n’ayant jamais fait l’objet d’une enquête judiciaire, a révélé la conclusion de la première partie de son enquête. Celle-ci établit que la majeure partie de ces meurtres ont été commis par des soldats de l’armée philippine, argument qui, jusqu’ici, avait toujours été rejeté par le gouvernement.

Depuis, la présidente, qui a pris connaissance du rapport, non rendu public à ce jour car non définitif, a promis d’agir en conséquence. Elle a notamment demandé à l’Union Européenne d’envoyer des experts afin d’enquêter sur les meurtres commis contre des militants politiques, journalistes, avocats, juges, défenseurs des droits de l’homme et agents pastoraux. Toutefois, certains défenseurs des droits de l’homme restent dubitatifs. En effet, début février, six membres d’un parti politique de gauche ont été tués et un septième a survécu à une tentative d’assassinat. Selon une organisation locale de défense des droits de l’homme, Karapatan, ces derniers meurtres portent le nombre de personnes assassinées depuis 2001 à 830.

Le diocèse de Mgr Juan de Dios Pueblos n’a pas non plus été épargné par ces meurtres, un employé travaillant pour les sours du Bon Pasteur au service des minorités ethniques philippines ayant été assassiné en 2006. Interviewé le 27 janvier par des journalistes de la télévision, Mgr Juan de Dios Pueblos a précisé que “la commission avait conclu que des militaires étaient bien impliqués dans les assassinats” extrajudiciaires, qu’ils étaient responsables “d’une majorité” des meurtres, mais que des militants d’extrême-gauche, des “tueurs à gage à la solde de politiciens” et “des hommes masqués agissant à moto” étaient également responsables de certains assassinats. La Commission recommande d’ailleurs aux officiers de l’armée de plaider coupable pour les meurtres commis par leurs soldats et elle “encourage la présidente à prendre des mesures pour que ces assassinats cessent a-t-il ajouté.

D’après José Melo, ancien président de la Cour suprême, qui préside la Commission qui porte son nom (2), la Commission d’enquête a, entre autres, établi la responsabilité de Jovito Palparan, général à la retraite, et d’un autre officier commandant des Forces armées des Philippines (AFP) dans des meurtres extrajudiciaires, “la majorité des victimes étant des militants de l’extrême-gauche Il a toutefois précisé que ce n’était pas l’ensemble du corps de l’armée qui était concerné par ces accusations, mais “seulement certains éléments qui ont été autorisés à agir sans le contrôle de leurs supérieurs