Eglises d'Asie

Bornéo : une association de crédit mutuel animée par des catholiques participe au développement économique des plus pauvres

Publié le 18/03/2010




A Bornéo, dans la province de Kalimantan-Ouest, une association de crédit mutuel, le Pancur Solidaritas (‘courant de solidarité’), fondée en 2001 par neuf enseignants catholiques, huit Dayaks (1) et un migrant venu de Flores, travaille au développement de l’économie locale en s’efforçant de renforcer la solidarité entre les différents groupes ethniques et religieux.

Les fondateurs étaient d’anciens membres du crédit mutuel Solidaritas, fondé en 1990 par la Commission du développement socio-économique du diocèse de Ketapang. L’échec de ce premier crédit mutuel serait dû, selon des personnes impliquées dans l’association, à un manque d’expérience en gestion et à un manque d’accompagnement de la part de l’autorité mandataire. Le nouveau Pancur Solidaritas a démarré dans de meilleures conditions, grâce à l’aide du Yayasan Karya Sosial Pancur Kasih, la fondation qui anime le crédit mutuel Pancur Kasih à Pontianak, chef-lieu de la province de Kalimantan-Ouest.

D’après le rapport présenté lors de son assemblée générale annuelle, le crédit mutuel Pancur Solidaritas compte 4 500 membres et son capital s’élève à 24,7 milliards de roupies (près de deux millions d’euros). En 2006, les revenus ont été de 3,6 milliards de roupies (300 000 euros), ce qui représente une augmentation de 100 % par rapport à l’année précédente. P. S. Redemptus Musa, président du Pancur Solidaritas, a déclaré au cours de cette assemblée que le crédit mutuel “allait développer l’économie des classes les plus défavorisées et celle des classes moyennes, tout en instillant une semence de paix et de solidarité”.

Les membres de l’association sont majoritairement catholiques, mais des protestants et des musulmans en font également partie. Les Dayaks, les plus nombreux, ont été rejoints par des Indonésiens d’origine malaise ainsi que des migrants venus de Java et de Nusa Tenggara. Le Pancur Solidaritas comprend à l’heure actuelle trente cadres catholiques et une centaine d’employés, dont vingt musulmans et deux bouddhistes (2).

Le P. Zacharias Lintas, vicaire général du diocèse de Ketapang, et Morkes Effendi, chef du district de Ketapang, faisaient partie des deux cents personnes présentes à cette assemblée générale. “Instiller le sens de la solidarité est vraiment très important pour le développement social a commenté Morkes Effendi, affirmant que le gouvernement local estimait leurs initiatives. “Nous sommes conscients du dur travail qu’exige ce crédit mutuel et apprécions l’esprit de service de l’Eglise locale. Il développe l’économie et c’est un bon moyen pour promouvoir la solidarité et la paix a souligné ce fonctionnaire musulman. Alors que le P. Lintas vantait les progrès du Pancur Solidaritas, Morkes Effendi a tenu à rappeler à son auditoire qu’“il ne fallait pas se laisser attirer par une commercialisation qui recherche uniquement le profit, mais se souvenir que le but était de servir les pauvres”.

En plus de son programme principal baptisé simpan-pinjam (‘prêter-épargner’), le Pancur Solidaritas se soucie de la santé de ses membres et du coût des inhumations. Il verse 200 000 roupies pour les dépenses de santé et 1,5 million de roupies pour les frais d’inhumation à chacun de ses membres qui a versé une cotisation annuelle de 20 000 roupies. Pancur Solidaritas participe également à l’équipement des paroisses qui remboursent leurs prêts avec le solde des quêtes et du denier de l’Eglise. Il aide aussi les parents du village de Manjau à payer les études de leurs enfants qui étudient et vivent à Ketapang, à 120 kilomètres de là. Les parents remboursent le prêt grâce au programme d’aide à la migration de l’Indonésie, qui incite la population des régions considérées comme surpeuplées à émigrer dans les provinces qui le sont moins.