Eglises d'Asie

Décès d’un catholique engagé dans les luttes de son siècle, Paul Nguyên Ngoc Lan

Publié le 18/03/2010




Paul Nguyên Ngoc Lan s’est éteint à Hô Chi Minh-Ville dans la matinée du 17 février 2007, après une longue maladie. Peu de temps avant sa mort, il avait été ramené chez lui et avait quitté l’hôpital où il était soigné. Paul Nguyên Ngoc Lan était une figure importante du catholicisme vietnamien des dernières décennies. Au début des années 1960, jeune religieux rédemptoriste, il accomplit des études supérieures de philosophie à Paris, où il fut également le collaborateur des hebdomadaires Témoignage chrétien et Actualités religieuses dans le monde. Il obtint un doctorat de philosophie avec une thèse traitant de l’idée du progrès dans l’histoire des sciences, avant de revenir au Vietnam, quelque temps après le coup d’Etat qui renversa le président Ngô Dinh Diêm. Partisan de l’ouverture de l’Eglise, polémiste redoutable, dans la période qui précéda le changement de régime de 1975, il se fit connaître par certaines interventions et écrits qui suscitèrent des débats dans les milieux catholiques. Son ouvre la plus connue, “L’Eglise, un chemin ou une forteresse ? », critiquait l’isolement des catholiques au sein de la société vietnamienne et les invitait à l’engagement social. Il se montra également très critique à l’égard de la présence américaine et du régime en place à cette époque.

En 1975, il demanda et obtint sa réduction à l’état laïque. Après le mois d’avril et l’unification du Vietnam sous le pouvoir communiste, il orienta sa contestation contre le nouveau pouvoir établi. Ses écrits désormais clandestins ne perdirent rien, bien au contraire, de leur virulence. Il s’associa rapidement à la lutte pour les droits de l’homme et l’indépendance de l’Eglise catholique menée par le père rédemptoriste Etienne Tinh. Entre autres combats, il participa à la résistance des milieux catholiques contre les tentatives des autorités vietnamiennes d’empêcher la canonisation des 117 martyrs du Vietnam, proclamée à Rome en 1988.

Il est en particulier l’auteur d’une lettre ouverte à Nguyên Khac Viên, défendant l’honneur des ancêtres du catholicisme vietnamien moderne. En 1990, avec son ami, le P. Chân Tin, il est l’objet d’une mesure administrative du comité populaire de Hô Chi Minh-Ville, le condamnant à la résidence surveillée. Il occupe alors ses loisirs en participant à la rédaction de la revue Tin Nha et à la rédaction de son propre journal, dans lequel il notait ses réactions à la lecture des médias officiels. Plusieurs chapitres de ce journal ont été publiés en France par les éditions de Tin Nha. Paul Nguyên Ngoc Lan est mort à 77 ans, laissant derrière lui, une épouse Thanh Van et une fille Lan Chi.