Eglises d'Asie

Madhya Pradesh : selon des responsables chrétiens, les accusations d’avortements illégaux contre l’hôpital de la Mission de Ratlam ont pour but de ternir l’image de la minorité chrétienne

Publié le 18/03/2010




D’après des responsables d’Eglises chrétiennes, l’arrestation, le 18 février dernier, de la directrice de l’hôpital chrétien de Ratlam, dans l’Etat du Madhya Pradesh, ainsi que d’un employé de service, suite à des accusations de pratiques d’avortements illégaux et d’infanticides sur des petites filles nouveau-nées, est le fruit d’une conspiration qui a pour but de ternir l’image de la minorité chrétienne.

Ces arrestations se sont produites après que les forces de l’ordre eurent constaté, au sein de l’établissement, la présence d’ossements humains ayant appartenu à des nouveaux-nés ou à des fotus avortés. Selon la police, l’information donnée par un journaliste leur a été transmise par téléphone. Peu de temps après, les médias accusaient l’hôpital chrétien d’être impliqué dans des avortements illégaux et des infanticides de petites filles. Pour l’officier de police chargé de l’affaire, les premières investigations permettent d’établir que l’hôpital en question ne disposait pas d’un “système adéquat d’enlèvement des restes humains de nouveaux-nés rendu obligatoire par la loi.

Depuis 1903, l’hôpital de la Mission, dirigé par l’Eglise du Nord de l’Inde (Church of North India, CNI), prodigue des soins médicaux aux plus pauvres de la région de Ratlam, dans le diocèse de Bhopal. Selon le porte-parole local de la CNI, Suresh Carleton, il n’y a “rien d’inhabituel” à trouver, dans un hôpital, des restes humains de nouveaux-nés enterrés, puisqu’en Inde les parents ne souhaitent pas récupérer le corps de leurs enfants décédés avant ou pendant la naissance. “De tels ossements pourraient être trouvés dans n’importe quel hôpital” de l’Etat, ajoute-t-il, car les centres hospitaliers du Madhya Pradesh qui ne disposent pas d’un système d’enlèvements des restes humains, enterrent les corps des nouveaux-nés dans l’enceinte de l’hôpital.

Le même jour, le gouvernement fédéral annonçait qu’il lançait une “campagne berceau” qui vise à enrayer l’infanticide féminin en favorisant l’adoption des petites filles nouveau-nées (1). “Si vous ne voulez pas d’une fille, laissez-la nous a déclaré à l’agence Press Trust of India, le 18 février dernier, Renuka Chowdhury, ministre fédérale de la Condition Féminine et de l’Enfance.

En 1971, le gouvernement fédéral indien avait libéralisé la loi sur l’avortement en autorisant les femmes à subir une interruption volontaire de grossesse, si cette dernière mettait en danger la vie de la mère ou si la grossesse résultait d’un viol. Depuis 1994, il est interdit de faire des examens prénataux pour connaître le sexe de l’enfant à naître et de pratiquer un avortement sur ce seul critère. Toutefois, cette loi est souvent ignorée lorsque l’enfant s’avère être une fille. Avoir une fille en Inde est en effet vécue comme un fardeau, car il faut l’éduquer, lui constituer une dot, alors qu’elle n’est pas destinée à rester dans la famille. Un vieux dicton indien résume cette situation : “Elever une fille, c’est comme arroser le jardin du voisin.”