Eglises d'Asie

Phat Diêm : le saccage commandité par les autorités locales d’une statue de la Vierge Marie dans une paroisse du diocèse soulève l’indignation des fidèles

Publié le 18/03/2010




Dans un petit village de la province du Ninh Binh, à la fin du mois de janvier dernier, les autorités locales ont commis un acte de vandalisme sur une statue de la Vierge, une reproduction de la Pietà, que les paroissiens venaient d’installer sur un monticule émergeant au milieu des eaux d’un fleuve. Les paroissiens ont diffusé sur le réseau Internet des images de la statue entièrement saccagée et envoyé diverses lettres de protestation aux autorités civiles. Les responsables locaux paraissent embarrassés et se renvoient les responsabilités. L’histoire, rapidement connue des milieux catholiques du Vietnam, est venue troubler le climat “d’entente cordiale” entre l’Eglise et l’Etat que voulait illustrer la rencontre du Premier ministre et du Souverain pontife du 25 janvier dernier.

L’affaire a eu lieu dans une petite paroisse nommée Dông Dinh, du diocèse de Phat Diêm. En novembre 2006, les paroissiens reçurent de leur évêque une reproduction de la Pietà, réalisée dans le sud du pays. Le 26 novembre, ils l’installèrent au pied d’une croix, elle-même située sur le sommet d’un promontoire émergeant du fleuve Hoang Long. Mais, dès le lendemain, les représentants de la communauté paroissiale étaient appelés par les autorités pour subir un interrogatoire. Ces convocations se renouvelèrent une quinzaine de fois. Les entretiens, auxquels sont venus participer des représentants de la province et du district, se sont déroulés dans un climat tendu. Des participants ont rapporté avoir entendu le président du Comité municipal déclarer que : “Si cette statue n’est pas abattue, moi-même, même manchot, je la saccagerai avec une barre à mine.” En fin de compte, les paroissiens proposèrent de déplacer la statue, mais aucune réponse ne fut donnée à leur proposition.

La destruction de la statue a eu lieu dans la nuit du 29 au 30 janvier dernier. On soupçonne un groupe d’une dizaine de personnes, parmi lesquelles des responsables des autorités locales. Le lendemain, les paroissiens, venus sur les lieux pour constater les dégâts, ont filmé et photographié les détails et ont apporté des bouquets de fleurs avec des inscriptions exprimant leurs souffrances.

Dans les commentaires critiques, certains comparaient cet acte de vandalisme à celui des talibans commis contre des statues géantes de Bouddha, il y a quelques années. Les autorités locales n’ont pas caché leur embarras et, le 7 février 2007, les services de la Sécurité du district ont publié un communiqué selon lequel “le saccage de la statue n’avait pas été organisé par les autorités locales, mais était l’ouvre d’un groupe de dix personnes, parmi lesquelles se trouvaient certains dirigeants municipaux”. Dans la communauté chrétienne, on désigne déjà par leur nom les membres du groupe et on assure que l’acte de vandalisme a été commandité par la police. Sur le bouquet de fleurs laissées aux pieds de la statue saccagée, on pouvait lire : “Toute notre reconnaissance à la Vierge qui est devenue l’emblème de l’Eglise du diocèse de Phat Diêm.”