Eglises d'Asie

Touchée par le tsunami de décembre 2004 et frappée par un tremblement de terre en mars 2005, l’île de Nias se relève difficilement, malgré l’afflux de fonds pour la reconstruction

Publié le 18/03/2010




Plus de deux ans après le tsunami du 26 décembre 2004 et près de deux ans après le tremblement de terre du 28 mars 2005, l’île de Nias se relève peu à peu de ces deux catastrophes naturelles. Toutefois, l’afflux des secours et le soudain gonflement du budget de l’île consacré au développement n’ont pas permis des progrès aussi rapides que souhaités (1) et nombreux sont les habitants se plaignant aujourd’hui de la corruption qui s’est développée dans l’île autour des projets de reconstruction.

Située à 125 km au large de la côte occidentale de Sumatra, rattachée administrativement à la province de Sumatra-Nord, l’île de Nias est peuplée de 716 000 habitants, dont 85 % sont chrétiens. Evangélisée il y a près de deux siècles par des missionnaires allemands, Nias est très majoritairement protestante, les catholiques y étant au nombre de 139 000. Le tsunami de 2004 qui a ravagé les côtes de la province d’Aceh a touché l’île de Nias, détruisant ou endommageant 15 000 habitations et faisant 150 morts, mais c’est le tremblement de terre de 2005 qui a fait le plus de victimes et de dégâts, environ 500 morts et des infrastructures en grande partie détruite.

Grâce à l’aide du pays et de la communauté internationale, le budget consacré au développement par les autorités de l’île après le tsunami a explosé, passant de 300 milliards de roupies (25 millions d’euros) à deux billions de roupies. L’Agence de réhabilitation et de reconstruction d’Aceh et de Nias (BRR, selon l’acronyme indonésien), mise en place après le tsunami, a contribué à hauteur de 1 500 milliards de roupies, le gouvernement provincial apportant 300 milliards de roupies et les ONG 200 milliards supplémentaires.

Selon un article du Jakarta Post du 8 janvier dernier, ce sont les personnes chargées de la reconstruction qui ont failli à leur tâche. La police de Sumatra-Nord a ainsi récemment interpellé trois entrepreneurs en BTP, dans le cadre d’une enquête pour corruption menée à Nias et à Nias-Sud, les deux kabupaten (districts) qui forment le cadre administratif de l’île de Nias. Les entrepreneurs en question travaillaient pour le BRR et d’autres enquêtes ont montré que les liens entre les entrepreneurs et l’organisme officiel étaient entachés de collusion, corruption et népotisme. Depuis, des responsables du BRR ont été limogés, mais les habitants de Nias se plaignent de la lenteur de la reconstruction. Sur les 15 000 maisons dont la reconstruction a été promise pour 2009, seules 2 700 ont vu le jour.

Une étude menée par l’Institut de sondage indonésien indique que huit personnes sur dix à Nias sont mécontentes. Seulement un cinquième de la population estime que l’état des routes s’est amélioré et pas même un dixième déclare que l’approvisionnement en eau est satisfaisant. L’institut de sondage indique que ces chiffres « sont très inférieurs à ceux qui ressortent des études menées à Aceh ».

Selon le responsable du BRR, les retards pris par les opérations de reconstruction sont indéniables et s’expliquent par un défaut de coordination entre les autorités régionales. A cela, s’ajoute le fait que Djakarta a refusé de classer le tremblement de terre de 2005 au titre des « catastrophes nationales » – ce qui aurait facilité le versement d’aides supplémentaires. « Je dois reconnaître que Nias a fait l’objet de moins d’attention [que la province d’Aceh] a reconnu le responsable du BRR, en ajoutant que les différentes agences impliquées dans la reconstruction de Nias avaient tiré des leçons des difficultés rencontrées et travaillaient désormais avec un degré de transparence rarement égalé en Indonésie.