Eglises d'Asie – Vietnam
Au cours de récentes négociations, le Saint-Siège et le Vietnam s’accordent sur des processus devant aboutir à des relations diplomatiques
Publié le 18/03/2010
Dès la fin de la visite, le 11 et le 12 mars, les deux parties ont publié, chacune de leur côté, des communiqués donnant un éclairage différent sur la visite et les négociations bilatérales qui ont eu lieu. La majeure partie des deux communiqués est consacrée au contenu des négociations qui se sont déroulées le lendemain de l’arrivée de la délégation vaticane, entre les représentants du Saint-Siège et une délégation vietnamienne conduite par Nguyên Thê Doanh, adjoint au directeur du Bureau gouvernemental des Affaires religieuses.
Le communiqué romain, qui souligne que la délégation a rencontré en premier lieu le président de la Conférence épiscopale du Vietnam, comporte un certain nombre de détails absents du communiqué vietnamien. Les représentants du Vatican ont souhaité que les catholiques puissent apporter une contribution plus importante dans le domaine social, en particulier en ce qui concerne la formation de la jeunesse. Le communiqué ajoute que les deux parties “ont souligné que les questions en suspens pourront être traitées et réglées grâce à un dialogue patient et constructif sans plus de précisions.
Aucun des deux communiqués n’apporte de précisions notables sur le processus qui sera mis en ouvre pour l’établissement de relations diplomatiques. Le communiqué du Saint-Siège reste le plus discret. Il se contente de dire que la délégation a proposé aux autorités du pays la normalisation de ces relations. Il expose ainsi les dispositions affichées du gouvernement vietnamien en ce domaine : “La partie vietnamienne a donné l’assurance que, sur instructions du Premier ministre, les organes compétents sont déjà au travail, tandis que les modalités concrètes pour l’engagement du processus menant à l’établissement des relations diplomatiques ont été examinées ensemble.” Le communiqué vietnamien, sans sortir des généralités, apporte des détails supplémentaires. Il parle de coordination et de discussions entre les parties, de la création d’un groupe de travail comprenant des représentants du Vatican et du Vietnam, qui serait chargé, entre autres, de déterminer les étapes devant mener à l’établissement de relations diplomatiques.
Ces négociations n’ont occupé que les premières journées du séjour de la délégation au Vietnam. En dehors des premières rencontres avec le bureau permanent de l’épiscopat et les principaux responsables de la conférence épiscopale à leur arrivée, les représentants du Saint-Siège avaient prévu de rendre visite à deux diocèses. Le 7 et le 8 mars, la délégation était reçue à Quy Nhon par le vicaire général, le P. Pierre Hoang Kim, qui remplaçait son évêque, Mgr Pierre Nguyên Soan, hospitalisé à Ho Chi Minh-Ville par une grave maladie. Elle a ensuite été conduite à Go Thi, berceau du diocèse, patrie du saint martyr André Kim Thông, lieu choisi par saint André Cuénot comme refuge et centre de rayonnement dans la région. Ce fut ensuite, pour la délégation, la rencontre émouvante à Kontum avec quelque 6 000 chrétiens d’ethnies montagnardes, lors d’une messe célébrée en banhar, sedang, italien, français et vietnamien, avec la participation de l’évêque du diocèse et de son prédécesseur ainsi que d’une quarantaine de prêtres. Dans son communiqué comme dans l’interview accordée à Hanoi, Mgr Parolin a exprimé son émotion devant la qualité de la prière des foules chrétiennes rassemblées à cette occasion.
Le départ de la délégation vaticane au Vietnam n’avait été précédé par aucun communiqué. Cependant, à son arrivée à Hanoi, Mgr Parolin a fait savoir à la presse qu’il demanderait des explications au sujet du prêtre de Huê, le P. Nguyên Van Ly, dont la résidence avait été investie par la police dans la soirée du 18 février et qui avait été emmené de force dans la petite paroisse de Bên Cui, où il est en résidence surveillée (1). Selon les agences de presse, le chef de la délégation a aussi indiqué aux journalistes que les autorités lui avaient fourni une réponse à ce sujet, sur laquelle il faisait porter son attention. La question n’a pas ensuite été évoquée explicitement dans le communiqué du Vatican, à moins qu’elle ne fasse partie des “questions en suspens” mentionnées plus haut. Comme chaque année, les négociations ont certainement abordé le problème des nominations épiscopales. Trois sièges sont actuellement vacants mais aucun des deux communiqués n’en fait mention.