Eglises d'Asie

Bihar : l’ordination épiscopale de l’évêque de Bhagalpur témoigne de la vitalité de l’Eglise catholique chez les Santal et servira d’instrument d’évangélisation en Europe

Publié le 18/03/2010




L’ordination épiscopale de Mgr Kurian Valiakandathil, évêque du diocèse de Bhagalpur, qui a réuni, le 27 février dernier, près de 17 000 personnes, pour la plupart des paysans de l’ethnie santal, témoigne de la vitalité de l’Eglise catholique dans la région, malgré l’isolement géographique des villages. Près d’un millier d’invités hindous et musulmans ont également participé à la célébration présidée par le cardinal Telesphore Toppo, archevêque de Ranchi, accompagné d’une quinzaine d’évêques, 200 prêtres et 200 religieuses. Cet événement, filmé par un prêtre indien du diocèse, servira de témoignage et d’instrument d’évangélisation en Allemagne.

Dans son homélie, le cardinal, lui-même aborigène (1), a souligné que ce rassemblement catholique était le fruit des « grands efforts apostoliques » fournis par les évêques précédents et que « l’enthousiasme, la vitalité et surtout la foi » des fidèles illustraient leurs liens étroits avec l’Eglise, le principal défi pour le nouveau prélat étant « d’approfondir davantage la foi des fidèles, qui est déjà profonde 

Les premiers missionnaires sont arrivés dans la région des Santal dans les années 1930. En 1956, la région, suffragante du diocèse de Patna (aujourd’hui archidiocèse), est devenue une préfecture apostolique et fut confiée au tiers-ordre régulier franciscain de Pennsylvanie, venu aider les jésuites américains qui ouvraient dans la région. Plus de cinquante ans après, le diocèse de Bhagalpur, érigé en 1965, compte près de 85 000 catholiques – 90 % d’entre eux étant des aborigènes Santal -, 48 paroisses, une centaine de prêtres, près de 400 religieuses et plusieurs milliers de bénévoles impliqués dans les projets de développement socio-économiques et éducatifs.

D’après le P. John Kochuchira, responsable du tiers-ordre franciscain régulier de la province indienne, quelque 350 personnes de chaque paroisse se sont déplacées pour l’événement. La plupart des catholiques aborigènes sont pourtant des travailleurs journaliers et participer à cette célébration nécessitait de leur part un gros effort financier représentant six jours de travail, entre les trois jours chômés et les frais à engager (environ 400 roupies, soit 7,50 euros), explique Sabita Kisku, une aborigène Santal. Pour cette dernière, ce n’est pas un sacrifice mais « la manifestation de notre gratitude envers l’Eglise et l’aide qu’elle nous a apportée et nous procure encore Elle ajoute que ses ascendants ont vécu dans la jungle jusque dans les années 1940, et qu’« aujourd’hui, nous vivons dignement. Comment aurions-nous pu rester chez nous, alors que notre nouveau pasteur était ordonné ? »

Le P. Joseph Cheruvil, du diocèse de Bhagalpur, qui travaille en Allemagne depuis 26 ans et a fait le voyage en Inde pour l’occasion, a expliqué à l’agence Ucanews que l’ordination épiscopale en Inde n’est pas un simple rituel mais un événement « révélateur du haut degré d’inculturation » de l’Eglise locale. En Europe, au contraire, ce sont des « événements religieux arides » auxquels les gens ordinaires et la jeunesse participent rarement. A l’ordination épiscopale de Bhagalpur, 80 % des fidèles présents étaient des jeunes, précise-t-il. Il a filmé la célébration afin de « montrer » à ses paroissiens allemands « comment de pauvres aborigènes catholiques vivent leur foi de manière vivante et font d’un rituel religieux une occasion de louange en espérant que ces films auront un impact évangélisateur sur les Européens.