Eglises d'Asie

Chhattisgarh : pendant deux jours, un programme de danses et de chants continu ont ravivé la foi en sommeil de plusieurs milliers de catholiques Gada dans la mission rurale Banhar

Publié le 18/03/2010




“La foi se meurt ici et nous voulons susciter un réveil déclare Mgr Paul Toppo, évêque de Raigarh, dans l’Etat du Chhattisgarh. “keertan est l’illustration de cette volonté a ajouté le prélat catholique, le 4 février, dernier jour des 48 heures de festivités continues, qui ont rassemblé près de 4 000 laïcs catholiques venus des vingt paroisses du diocèse et des diocèses voisins de Raipur et de Sambalpur (en Orissa) pour différents programmes de chants et de danses.

Beaucoup de catholiques du diocèse de Raigarh sont Gada, un groupe dalit. Ils pratiquent keertan, une forme de vénération provenant de coutumes hindoues célébrées par les hors-castes, qui en sanscrit signifie mot à mot “piétiner sur Les hommes chantent et dansent en cercle en répétant le nom de Jésus, pendant que d’autres jouent de la trompette et du tambour. Le rythme des chants s’accélère, les pas deviennent plus rapides, jusqu’à s’arrêter tandis que d’autres danses continuent. Lorsqu’un groupe est fatigué, généralement après deux heures de louange, d’autres groupes prennent la relève, si bien que le refrain “Chantons Jésus qui conquiert le péché et le mal, Louons Jésus, notre rédempteur” est chanté en continu pendant 48 heures.

Ce programme de louange a “redynamisé notre foi ont déclaré plusieurs catholiques qui ne pratiquent plus de manière régulière. Si l’Eglise catholique organise de tels programmes périodiquement, “nous pourrons aller de l’avant dans notre vie a ajouté un instituteur. Les catholiques de Raigarh sont soit de l’ethnie Oraon, soit des intouchables Gada et Sathnami. Alors que la foi du peuple aborigène Oraon respire la vitalité, celle des dalits faiblit au fur et à mesure que les avantages matériels diminuent. Pour Mgr Toppo, de l’ethnie Oraon, ce programme de louange est très “touchant” et a pour but d’inculturer la foi. “C’est seulement ainsi que nous réussirons a-t-il déclaré, à l’agence Ucanews. La mission Banhar, créée en 1959, a compté jusqu’à 300 familles catholiques pratiquantes. Aujourd’hui, elle n’en compte plus que 25.

Le P. Tarcitius Kaleth, l’unique prêtre Gada du diocèse, relate qu’il a été baptisé à l’âge de dix ans grâce à au P. Jean Vianney, un missionnaire de la congrégation carmélite du Cour Immaculé de Marie, de l’Eglise syro-malabar. Le prêtre visitait les familles Gada, partageait leur repas, offrait des médicaments et priait pour les malades, ce qui a beaucoup impressionné la communauté, car nombreux étaient les personnes qui les évitaient, du fait de leur condition d’intouchables. Beaucoup de Gada se sont alors convertis au catholicisme, puis la mission a été confiée à des prêtres de rite latin, le diocèse ne souhaitant pas que des prêtres de rite oriental travaillent dans la région, a ajouté le P. Kaleth.

Pour Madhu Nag, catéchiste Gada de l’archidiocèse de Raipur, instaurer un rythme annuel keertan dans différentes paroisses permettrait de “renforcer leur foi et de dissiper leurs peurs” par rapport aux personnes n’appartenant pas à leur communauté. Pour un catéchiste de la même ethnie, ce type de célébrations leur permet de réaliser “qu’ils ne sont pas seuls Avant, nous nous sentions dénigrés, ajoute-t-il. Selon le P. Tarcitius Kaleth, les catholiques Gada des diocèses et Etats limitrophes partagent une culture et une langue commune, l’oriya (1), et bien souvent des catholiques Gada du Chhattisgarh se marient avec des catholiques Gada de l’Orissa. Pour lui, il serait souhaitable que cette région majoritairement Gada ait un évêque de cette ethnie afin de favoriser une meilleure compréhension mutuelle. Actuellement, les diocèses de Raigarh et Sambalpur ont des prélats issus de groupes ethniques, mais, à Raipur, l’archevêque est originaire du Kerala.

Contrairement à d’autres régions majoritairement hindoues, ici, les chrétiens ne souffrent pas des violences ou des harcèlements commis par les groupes nationalistes hindous. Au contraire, précise le P. Munnu Emmanuel Tirkey, prêtre de paroisse de la mission Banhar, “des villageois hindous nous ont apporté du riz, des légumes, des noix de coco et de l’argent” pour préparer keertan.