Eglises d'Asie

Le P. Nguyên Van Ly, détenu dans la sacristie d’une petite église, refuse de signer le procès-verbal de l’enquête préliminaire menée par la police à son sujet

Publié le 18/03/2010




Selon des renseignements téléphoniques recueillis par Radio Free Asia, la Sécurité de la ville de Huê a rédigé un procès-verbal et établi les conclusions de l’enquête préliminaire portant sur la culpabilité du P. Nguyên Van Ly et de quatre autres personnes, accusés du crime de “recel et diffusion de documents s’opposant à la République socialiste du Vietnam”. Le document a été lu au prêtre, le 13 mars, en présence de quatre officiers de police, d’un membre du parquet populaire, de deux témoins et d’un cameraman. Le P. Ly a refusé de le signer et de répondre aux questions.

La veille, dans la petite sacristie de l’église de Bên Cui, où il est gardé par la police depuis le 24 février dernier (1), le prêtre prisonnier, encore très affaibli par le jeûne qu’il a mené pendant deux semaines, a reçu la visite de son archevêque, Mgr Etienne Nguyên Nhu Thê, accompagné de deux autres prêtres. L’archevêque, qui s’inquiète particulièrement de la santé de son collaborateur, venait le voir pour la deuxième fois. Il l’avait déjà rencontré le 22 février dernier, dans la chambre de l’archevêché où il était déjà gardé et interrogé par la police.

La police avait fait irruption le 18 février, deuxième jour de l’année lunaire, à l’archevêché où il résidait. Après confiscation d’un certain nombre d’appareils et de documents, la police avait voulu conduire P. Ly au siège de la Sécurité. Celui-ci s’y était refusé. A la même époque, un certain nombre d’opérations policières ont été lancées contre des militants d’un parti politique fondé l’année dernière, le « Parti pour le progrès du Vietnam » (Dang Thang Tiên Viêt Nam). En signe de protestation, le P. Ly engageait une grève de la faim. Le 24 février, il était conduit par la police dans la sacristie de l’église d’une petite paroisse située à 20 km de Huê, la paroisse de Bên Cui, tandis que la presse annonçait qu’une enquête préliminaire de la police était entamée contre lui, pour recel et diffusion de documents antigouvernementaux. Dans sa nouvelle résidence, tout contact avec les fidèles lui est interdit. Seul, le curé de la paroisse principale, le P. Lê Dinh Du, vient le voir le dimanche.

Dans la soirée du 5 mars, le prêtre avait décidé de cesser sa grève de la faim, entamée le 18 février. Les jours précédents, sa santé s’était gravement détériorée. Une maladie de poitrine chronique (tuberculose ?) s’était réveillée et il souffrait de troubles de la vue. Le matin, il n’avait pas pu concélébrer avec le curé de la paroisse, le P. Lê Dinh Du, venu dire la messe à Bên Cui comme à l’accoutumée et était revenu pour lui administrer le sacrement des malades : en sa qualité de curé, il lui avait demandé de mettre un terme à son jeûne. Le P. Ly n’exclut pas de reprendre sa grève de la faim pour faire aboutir ses protestations.