Eglises d'Asie – Corée du sud
Selon un sondage à propos des élections présidentielles, une majorité de protestants déclare que leurs suffrages iront à un candidat protestant
Publié le 18/03/2010
Les recherches effectuées sur les embryons humains pour en extraire les cellules souches aboutissent à la destruction de l’embryon, c’est-à-dire qu’elles « tuent la vie humaine et violent la dignité de l’homme. Elles s’opposent à Dieu qui est le Seigneur de la vie a déclaré Mgr Andrew Yeom Soo-jung, évêque auxiliaire de Séoul et président du Comité pour la vie de l’archidiocèse. C’est pour cette raison que l’Eglise catholique s’oppose « à toute recherche qui détruit l’embryon humain, y compris la recherche à partir d’embryons obtenus par clonage a-t-il précisé. Face à cet état de fait, les responsables catholiques recommandent de développer les recherches à partir des cellules souches adultes (1).
D’après le porte-parole du ministère de la Santé publique, le Comité National de Bioéthique (NBC) se rassemblera le 23 mars prochain pour décider si les recherches sur les cellules souches embryonnaires doivent être « temporairement interdites » ou « limitées Une interdiction temporaire induirait qu’elles pourraient être autorisées ultérieurement, alors que le choix de limiter les recherches impliqueraient qu’elles ne seront autorisées qu’à partir des embryons « surnuméraires » issus des fécondations in vitro et des embryons humains obtenus par clonage à partir d’ovocytes.
Selon le P. Hugo Park Jung-woo, secrétaire général du Comité pour la Vie de l’archidiocèse de Séoul, les deux propositions du NBC ne sont pas satisfaisantes puisqu’elles autorisent de fait des recherches qui conduisent à la destruction d’embryons humains, l’Eglise catholique considérant que la vie humaine commence dès la fécondation.
Le vice-président de la NBC a, quant à lui, déclaré comprendre le point de vue de l’Eglise qui cherche à protéger la vie, tout en exprimant son désaccord quant à son attitude de croire qu’elle détient la vérité en exigeant de la société qu’elle suive ses recommandations. Pour Mgr Yeom Soo-jung, ces recherches scientifiques sont davantage motivées par des intérêts économiques que par une volonté de trouver des remèdes à des maladies incurables. Il rappelle au passage le scandale qui a éclaboussé la Corée du Sud après les révélations pour manquement à l’éthique du professeur Hwang Woo-suk, en 2005 (2).
Selon des médias locaux, le gouvernement sud-coréen a dépensé près de 38 milliards de wons (31 millions d’euros) pour soutenir les recherches du professeur Hwang depuis 1998, et il a promis de débloquer 112 milliards de wons supplémentaires (près de 94 millions d’euros) d’ici 2012.
Le 13 février dernier, une congrégation féminine locale a remis à l’archidiocèse de Séoul l’hôpital très rentable qu’elle gérait dans une banlieue de la capitale sud-coréenne. Les religieuses de la Congrégation des Petites Servantes de la Sainte-Famille ont justifié le fait de confier l’hôpital de la Sainte Famille, fondé par elles il y a quarante-cinq ans, à la Fondation catholique pour l’éducation de l’archidiocèse de Séoul, du fait qu’elles souhaitaient recentrer l’action de leur congrégation sur son charisme d’origine, à savoir le service, en milieu urbain, des pauvres, notamment des femmes et des enfants, des personnes âgées et des handicapés. L’hôpital est situé à Bucheon, à 20 km à l’ouest de Séoul. Disposant de 590 lits, d’un personnel de 800 personnes et d’un équipement moderne et performant, il est considéré comme un établissement important.
Selon Francis Park Moon-su, chercheur à l’Institut de pastorale, organe rattaché à la conférence épiscopale, ce n’est pas une surprise que cette congrégation ait pris une telle décision. Le chercheur, qui a mené un travail d’enquête sur les congrégations féminines en Corée, souligne que les Petites Servantes de la Sainte Famille ont à cour de se recentrer sur leur charisme d’origine. Déjà en 1992, la congrégation avait abandonné un collège et un lycée dont elle avait la charge dans le diocèse d’Incheon. Entre 2002 et 2006, ces religieuses se sont retirées de 15 des 50 paroisses dans lesquelles elles étaient impliquées. Dans les deux hôpitaux dont elles ont toujours la responsabilité, l’un d’eux a abandonné, en 1990, le statut d’établissement à but lucratif pour celui d’institution caritative (1). A chaque fois, indique le chercheur, ces décisions ont été prises avec l’objectif de revenir au charisme d’origine, et non parce que la congrégation manquait de vocations ou connaissait des difficultés financières. Fondée en 1943 par un prêtre des Missions Etrangères de Paris, le P. Pierre Singer, la congrégation comptait 458 membres, fin 2005.
D’après une responsable de la congrégation – qui a souhaité conserver l’anonymat -, la décision de quitter l’hôpital de Bucheon a été prise après mûre réflexion il y a six ans. Confrontées en 2002 à une grève du personnel, les religieuses ont pensé transformer l’hôpital pour en faire une institution caritative (2). « Mais nous avons décidé de le remettre au diocèse parce nous étions certaines qu’il le gérerait mieux que nous a expliqué cette responsable, ajoutant que la transformation de l’hôpital en institution caritative aurait induit « un grand nombre de licenciements parmi le personnel ». L’ancienne directrice de l’hôpital et la supérieure générale n’ont pas souhaité commenter la décision de la congrégation, une religieuse confiant uniquement que les sours désiraient « ne pas faire de bruit » autour de cette transmission.
Selon différents prêtres et religieuses impliqués dans le secteur de la santé, les hôpitaux traversent actuellement une phase de restructuration importante. Dans la région de Bucheon en particulier, de grands ensembles hospitaliers ont vu le jour et rivalisent pour attirer les patients. Dans ce contexte, il n’est pas facile de maintenir des hôpitaux à but lucratif sans entrer dans la course au gigantisme tout en étant fidèle à un charisme de service aux pauvres. Pour Sr. Brigitta Park Myoung-hee, Fille de la Charité de Saint Vincent de Paul et responsable d’un hôpital de 804 lits à Suwon, le service médical est ancré dans le charisme de sa congrégation et il n’est donc pas question d’abandonner ce secteur, mais d’harmoniser les exigences nées de la compétition entre les établissements de santé et l’esprit du fondateur de la congrégation « représente pour nous un défi ».