Eglises d'Asie

Bac Liêu : les autorités ont détruit un pavillon construit par un moine bouddhiste pour y mener sa vie religieuse

Publié le 18/03/2010




Le vénérable Thich Thiên Minh, un religieux bouddhiste libéré le 1er février 2005 après vingt-cinq années passées en camp de rééducation, vient de subir un nouvel assaut des autorités vietnamiennes. Celles-ci ont fait détruire un pavillon construit par lui sur un terrain appartenant à sa famille. Les faits ont été rapportés par des sources indépendantes (1) ainsi que par un rapport de police publié par l’organe du Parti communiste vietnamien (2).

De bonne heure, dans la matinée du 15 mars dernier, les autorités civiles de la ville de Bac Liêu, accompagnées de forces policières, ont entrepris de démolir un pavillon que le religieux était en train d’élever dans un jardin attenant à la maison de son frère, dans la ville de Bac Liêu. De nombreuses personnalités du Parti, de la municipalité, de la police étaient présentes lors de cette opération à laquelle participaient d’impressionnantes forces de police. La destruction du pavillon fut accomplie par un groupe d’environ trente personnes, bien outillées. Des journalistes, des reporters de la télévision ont assisté à la scène et l’ont filmée. Au total, quelque 500 personnes se pressaient autour du lieu de l’opération. A 17 h 30, après une journée de labeur, le pavillon était entièrement détruit. Les forces de police et les autorités se retiraient alors. Le religieux et sa famille ont assisté à cette démolition sans se départir d’une attitude non violente.

Après vingt-cinq années passées en prison, le vénérable Thich Thiên Minh n’avait pas retrouvé sa pagode de Vinh Binh, confisquée et détruite par les autorités qui avaient édifié sur les lieux un marché et une école. Le religieux, obligé de vivre dans sa famille, avait alors écrit de nombreuses lettres de protestation auprès des autorités régionales et centrales, expliquant qu’il se devait de résider dans un lieu propice à son genre de vie. Après une promesse d’examen, les autorités, ayant appris que le religieux appartenait au bouddhisme unifié (bouddhisme refusant le patronage de l’Etat), adoptèrent alors à son égard une attitude tout à fait discriminatoire. Voyant toutes ces requêtes refusées, le religieux entreprit alors de se construire une sorte d’ermitage dans le jardin de son frère. C’est celui-ci qui a été détruit le 15 mars.

Les pouvoirs publics vietnamiens semblent attacher une certaine importance au cas du religieux dissident. Le principal organe de presse du Parti communiste vietnamien, le Nhân Dân, lui a consacré le 23 mars un article particulièrement agressif où le religieux, qui n’est jamais appelé sous son nom de religion, est accusé d’utiliser la politique de liberté religieuse du Parti et de l’Etat pour entreprendre « des activités nuisibles au pays et à la nation ». Selon l’organe du Parti, il aurait été arrêté en 1979 pour avoir créé un groupe visant à renverser le pouvoir. L’article donne à entendre qu’en dehors de la construction illicite du pavillon, la faute la plus grave du religieux est d’avoir assumé la responsabilité du mouvement de jeunesse du bouddhisme unifié, « la Famille bouddhiste ».