Eglises d'Asie

En dépit de violences qui ont eu lieu dans des camps de réfugiés du Bhoutan installés au Népal, la perspective d’émigration de certains de ces réfugiés aux Etats-Unis se précise

Publié le 18/03/2010




Le 22 février dernier, des heurts entre des réfugiés bhoutanais et des Népalais dans l’est du Népal ont fait un mort parmi les réfugiés et cinq blessés graves. Selon le Service jésuite des réfugiés (JRS), d’après des rapports arrivant du camp de Sanischare, dans le district de Morang, les combats ont éclaté lorsque des réfugiés ont été interceptés par des autochtones dans les forêts environnantes. Par la suite, la violence n’a fait qu’augmenter. Le lendemain, d’après des témoins oculaires, des villageois armés ont été vus dans le camp. Des coups de feu ont été tirés. D’après les membres du JRS travaillant dans cette zone, les disputes entre autochtones et réfugiés à l’occasion du ramassage du bois pour la cuisine sont fréquentes.

Pour tenter de calmer les esprits, la police népalaise a imposé un couvre-feu, mais les réfugiés ont accusé les forces de l’ordre d’avoir tiré à l’aveugle dans le camp. Des gaz lacrymogènes auraient été utilisés. Selon le P. Varkey Perekatt, directeur de JRS Népal, « ces derniers incidents sont très inquiétants. Toutes les parties prenantes du conflit doivent se mettre ensemble pour résoudre les difficultés de manière pacifique. En attendant, le gouvernement doit prendre les mesures nécessaires afin de sauvegarder la dignité des réfugiés et assurer leur sécurité ».

Peu de temps après ces incidents, un début d’espoir s’est fait jour au sein des camps où 106 000 réfugiés Bhoutanais vivent depuis le début des années 1990. Installés dans sept camps situés dans l’est du Népal, ces réfugiés voyaient depuis des années les négociations sur leur sort s’enliser. Or, il semble que la promesse faite l’an dernier par Washington d’accepter un certain nombre d’entre eux aux Etats-Unis se concrétise. Le 7 mars dernier, en effet, le gouvernement népalais a officiellement demandé au gouvernement américain de traiter les dossiers de rapatriement de quelque 60 000 réfugiés Bhoutanais vivant au Népal. La procédure devrait prendre cinq ans. Toujours selon le JRS, les Etats-Unis ont dit vouloir traiter en premier lieu les dossiers des personnes les plus vulnérables, comme les femmes seules et, en deuxième lieu, ceux des réfugiés ayant des liens familiaux aux Etats-Unis. La préférence ne va pas aux réfugiés ayant des diplômes ou une expérience de travail.

Le Bureau américain pour la Population, les Réfugiés et les Migrations a présenté une demande visant à établir une OPE (Overseas Processing Entity) à Katmandou. A partir du mois de juillet prochain, les réfugiés seront envoyés à l’OPE par des équipes du Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU. L’OPE préparera les papiers nécessaires aux fonctionnaires américains chargés des interviews qui traiteront les demandes des réfugiés. L’OPE s’occupera des examens médicaux et des autres formalités nécessaires à leur départ. Un bref cours d’orientation sera également fourni.

Selon JRS Etats-Unis, si tout se passe comme prévu, les réfugiés devraient pouvoir quitter le Népal entre trois et six mois après leur interview. Chaque réfugié sera sponsorisé par une ONG américaine spécialisée dans la réinstallation des réfugiés. Ce sont ces ONG qui seront chargées de leur fournir aide alimentaire, logement, vêtements et consultations médicales, ainsi que de les aider dans leurs premiers pas sur le sol américain (inscription des enfants dans les écoles, conseils pour s’adapter à la vie aux Etats-Unis, etc.). A terme, les réfugiés réinstallés pourraient voir leur statut évoluer et, éventuellement, devenir citoyens américains. Les Etats-Unis ont évoqué le chiffre de 60 000 réfugiés.

Plus de 100 000 réfugiés bhoutanais vivent depuis seize ans dans les camps situés dans l’est du Népal, près de la frontière indienne. Ils sont installés là depuis que le roi du Bhoutan leur a retiré la nationalité bhoutanaise et les a forcés à quitter le Bhoutan après qu’ils ont fait campagne pour la démocratie au début des années 1990. Victimes d’une politique de nettoyage ethnique au Bhoutan, ces réfugiés Ihotshampas (Bhoutanais d’origine népalaise) n’ont pu trouver refuge en Inde et ont été accueillis dans des camps situés dans l’est du Népal. En dépit de multiples sessions de négociations entre le Bhoutan et le Népal sur leur rapatriement, aucun réfugié n’a pu rentrer chez lui, au Bhoutan (1).