Eglises d'Asie

L’Eglise catholique s’inquiète de l’importance du taux de suicide dans le pays et tente de réagir

Publié le 18/03/2010




Face à l’importance du taux de suicide en Corée, l’Eglise catholique s’inquiète. Elle reconnaît qu’elle devrait travailler plus efficacement à soulager le stress et la tension des personnes tentées par le suicide, et qu’elle a besoin de mieux coordonner son action en ce domaine. D’après des chiffres de l’année 2004 publiés l’an dernier, la Corée du Sud avait le taux de suicide le plus élevé des trente pays membres de l’Organisation pour la Coopération économique et le Développement (OCDE). Le taux de suicide en Corée du Sud est de 24,2 pour 100 000 habitants, suivi par le Japon (20,3), la Finlande (18,4) et l’Autriche (14,5).

Le P. Augustinus Kang Hyuck-jun indique que, chaque jour, en moyenne, 38 personnes se donnent la mort en Corée du Sud. Président du Comité pour la pastorale de la police de l’archidiocèse de Séoul, le prêtre reconnaît que l’Eglise, trop souvent, se contente de dénoncer le suicide comme un péché, mais manque d’une approche pastorale spécifique pour prévenir ces suicides. De son point de vue, si le suicide est si fréquent dans son pays, c’est parce que « les jeunes n’ont pas été formés à faire face aux difficultés qu’ils rencontrent dans la société d’aujourd’hui ».

Dans le cadre de son ministère, le P. Kang constate que les membres de la police anti-émeute figurent en tête pour le nombre des suicides. « Je sais que dix policiers anti-émeute se sont suicidé l’an dernier rien qu’à Séoul », dit-il, expliquant que la conscription, le bizutage et les rigueurs de la vie militaire poussent certains au suicide. « Il y a cinq ans, notre comité a mis en place un programme de conseil psychologique et thérapeutique avec l’aide d’une centaine de bénévoles formés pour cela. Nous rencontrons les gens quelle que soit leur religion et nous nous rendons compte que cette aide est utile et mérite d’être développée », précise-t-il.

Rita Lee Mi-young, l’une de ces bénévoles, apporte son témoignage sur ce point. Elle évoque le cas d’un policier anti-émeute dont elle s’est occupée après qu’il a tenté de se tuer en se tailladant les veines. Il ne voulait pas mourir, dit-elle, mais « il ne pouvait plus supporter l’atmosphère de son unité, se sentant seul et isolé ». Après des entretiens approfondis, ce policier a accepté de suivre une thérapie pour l’aider à développer sa vie relationnelle, « et cela a marché », témoigne la bénévole.

Rita Lee poursuit en expliquant qu’elle rencontre une trentaine de policiers par mois, dont un ou deux pensent au suicide ou ont fait une tentative de suicide. « S’ils réussissent à franchir ce premier pas qui consiste à accepter d’en parler à quelqu’un, le reste est plus facile et ils vivent moins péniblement leur service sous les drapeaux. J’en ai été témoin plusieurs fois ces six dernières années, depuis que je suis conseillère », explique-t-elle. Chaque année, les conseillers de ce comité s’occupent de 25 000 policiers anti-émeute, dont un millier de nouvelles recrues. Le service national est obligatoire en Corée du Sud et il est possible pour les jeunes de choisir la police anti-émeute plutôt que les forces armées.

Rita Lee poursuit en expliquant qu’elle rencontre une trentaine de policiers par mois, dont un ou deux pensent au suicide ou ont fait une tentative de suicide. ,explique-t-elle. Chaque année, les conseillers de ce comité s’occupent de 25 000 policiers anti-émeute, dont un millier de nouvelles recrues. Le service national est obligatoire en Corée du Sud et il est possible pour les jeunes de choisir la police anti-émeute plutôt que les forces armées.

Le P. Lee Kang-suh, de l’archidiocèse de Séoul, président du Comité pour la pastorale en milieu urbain défavorisé, ajoute de son côté que la pauvreté est l’une des causes de cette situation. « Les suicides sont plus nombreux qu’auparavant », observe-t-il, ajoutant que, par le passé, les gens dans la pauvreté étaient davantage solidaires, « mais aujourd’hui ils sont contraints de vivre hors de la société ; victimes de l’isolement, il est difficile pour eux de s’en sortir ». Le P. Lee demande à l’Eglise de travailler et de partager en solidarité avec les pauvres, et de ne plus les regarder comme des objets de charité. Au sein du Comité, son ministère consiste à bâtir des communautés chrétiennes où les pauvres se réunissent et trouvent la force de s’épauler.

Pour le P. Hugo Park Jung-woo, secrétaire de la Commission ‘Justice et Paix’ de la Conférence des évêques catholiques, « les gens de notre époque moderne dont les vies abondent en biens matériels sont facilement déboussolés quand ils ont à faire face à une difficulté ou à la souffrance » et c’est alors que certains d’entre eux se découragent et pensent au suicide (1).