Eglises d'Asie

La Conférence épiscopale ne donnera pas de consignes de vote pour les sénatoriales, en dépit du désir exprimé en ce sens par le responsable du mouvement El Shaddai

Publié le 18/03/2010




Le 15 mars dernier, la Conférence épiscopale a déclaré que l’Eglise catholique ne soutiendra pas de candidats pour les prochaines élections législatives, mais qu’elle donnera « une direction morale » afin de guider les fidèles dans leur choix. Cette décision fait suite à la déclaration du responsable du mouvement charismatique El Shaddai, le 10 mars dernier, qui demandait aux évêques de faire connaître leurs intentions de vote pour guider les fidèles lors des prochaines élections législatives, le 14 mai prochain.

Le choix d’un candidat « doit être laissé à la sagesse et à la conscience de chaque citoyen chrétien », a rappelé Mgr Antonio Ledesma, vice-président de la CBCP (Catholic Bishops’ Conference of the Philippines) et « il est de notre rôle de plaider en faveur des principes moraux pour éclairer les citoyens dans leur choix ». Ainsi, a-t-il expliqué, « nous pourrions apporter notre soutien à des partis politiques, s’ils s’avèrent être en harmonie avec les valeurs évangéliques », mentionnant à ce propos le parti Ang Kapatiran (‘Alliance pour le Bien commun’) comme exemple (1). Pour le cardinal Gaudencio Rosales, archevêque de Manille, il est urgent que les partis politiques s’engagent en faveur de la protection de l’environnement. Le Conseil pastoral pour un vote responsable de la CBCP a élaboré et diffusé un manuel de contrôle pour les élections destiné aux catholiques engagés dans les opérations électorales, afin d’éviter fraudes et manipulations.

Pour le leader d’El Shaddai, Mariano Velarde, plus connu sous le nom de « Brother Mike », les évêques et les prêtres catholiques « croient que les citoyens sont en mesure de choisir un bon candidat, mais sincèrement, peu d’entre eux, pas même moi, peuvent direr quels sont les bons candidats ». Selon lui, il est nécessaire que l’Eglise catholique joue un rôle actif afin d’enrayer l’indifférence générale qui prévaut pour ces sénatoriales, a-t-il déclaré au quotidien national, The Philippines Daily Inquirer, le 13 mars dernier, ajoutant que « les Philippins recherchent des leaders à la fois dans le monde politique et dans l’Eglise ». Du fait de l’importance du nombre des fidèles de son mouvement (2), « Brother Mike » exerce une grande influence au sein de l’Eglise catholique et auprès du gouvernement – il est le conseiller spirituel de Gloria Macapagal Arroyo, présidente de la République (3).

Mariano Velarde se déplace depuis peu dans tout l’archipel pour encourager les membres de sa communauté catholique à se rendre aux urnes, en les aidant à choisir leurs candidats. Pour sa part, il conseille le parti politique Buhay Hayaan Yumabong (Permet à la vie de fleurir’), un parti qui défend les valeurs de la vie selon la morale chrétienne, et dont son fils, Rene Velarde, est l’un des candidats en lice. « Lors des dernières élections, même les membres d’El Shaddai n’ont pas voté, faute de consignes de vote, c’est pourquoi cette fois-ci je me déplace », a-t-il précisé, ajoutant que le désintérêt des citoyens pour la politique est « très dangereux » car il peut « contribuer à favoriser les abus de pouvoir de la part des politiques ».