Eglises d'Asie

Les évêques des Eglises catholiques d’Asie centrale souhaitent renforcer leurs liens avec la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie

Publié le 18/03/2010




A l’occasion de la huitième rencontre annuelle de la Conférence des évêques catholiques du Kazakhstan et des ordinaires des Eglises catholiques d’Asie centrale, qui s’est tenue du 27 février au 3 mars dernier à Tachkent, capitale d’Ouzbékistan, les évêques d’Asie centrale ont reçu comme invité spécial le P. Raymond O’Toole. Basé à Hongkong, le P. O’Toole, missionnaire canadien, est l’assistant du secrétaire général de la FABC, la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie, et c’est à ce titre qu’il répondait à l’invitation des évêques d’Asie centrale, désireux d’approfondir les liens entre leurs Eglises et les Eglises réunies au sein de la FABC (1).

Les liens entre la FABC et les Eglises d’Asie centrale existent depuis juin 1998, date à laquelle la FABC a accepté en son sein, en tant que membres associés, les Eglises de Sibérie et d’Asie centrale, à savoir celles du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan, du Turkménistan et d’Ouzbékistan. Toutefois, en un peu moins de dix ans, ces liens sont restés modestes et, ainsi que l’a souligné le P. O’Toole, le simple fait que cette rencontre ait eu lieu constitue en soi « une réalisation ».

Le missionnaire canadien a fait part aux huit évêques présents à Tachkent que la FABC était prête à venir en aide aux Eglises d’Asie centrale au sens où le « triple dialogue » que vivent les Eglises d’Asie au contact des pays où elles vivent – un dialogue avec les religions, avec les cultures et un combat contre les pauvretés – est une réalité vécue aussi par les Eglises d’Asie centrale. Plusieurs Eglises en Asie sont en situation de dialogue avec l’islam, a ainsi expliqué le P. O’Toole, et les musulmans sont les croyants les plus largement présents en Asie centrale. De l’autre côté, « les Eglises d’Asie centrale peuvent apporter à la FABC une dimension de ‘pont’ avec l’Europe », a-t-il ajouté.

Le débat sur le point de savoir si les Eglises d’Asie centrale doivent se tourner vers l’Europe ou vers l’Asie a longtemps eu cours. Au congrès sur la mission en Asie qui a eu lieu en Thaïlande en octobre dernier (2), la question a de nouveau été posée. A Tachkent, Mgr Tomasz Peta, archevêque d’Astana, au Kazakhstan, a déclaré que le congrès missionnaire de Thaïlande a été l’occasion pour lui de « réaliser que nous sommes plus en Asie qu’en Europe », en dépit du fait que la majorité de ses fidèles sont d’origine européenne. Président de la Conférence épiscopale du Kazakhstan, il a annoncé que lui et ses pairs allaient discuter d’une pleine adhésion à la FABC lors de leur assemblée plénière prochaine, ce mois-ci.

Pour Mgr Jerzy Maculewicz, administrateur apostolique d’Ouzbékistan, le fait que les fidèles soient majoritairement d’origine européenne dans son Eglise ne doit pas être un obstacle à tourner le regard vers l’Asie. Il en voit cependant deux à sa participation fréquente aux rencontres de la FABC, l’un financier : son Eglise est pauvre et trouver l’argent pour se rendre en Asie n’est pas chose aisée, et l’autre linguistique : « Je ne parle pas l’anglais et je dois trouver des évêques volontaires pour assurer la traduction de l’anglais vers l’italien. »

Pour le P. Carlos Avila, responsable de la mission sui juris du Tadjikistan, il ne fait pas de doute que son Eglise est plus « asiatique » qu’« européenne », même si la très grande majorité des fidèles ne sont pas des Tadjiks. Mais lui aussi voit dans les distances et les langues autant d’obstacles pour établir une communication facile avec la FABC. Les Eglises d’Asie centrale partagent entre elles une relative proximité géographique et l’usage du russe. Le chemin est donc encore long pour parvenir à une véritable participation aux travaux de la FABC. Au Turkménistan, l’urgence n’est pas à établir des liens avec la FABC, mais à établir l’Eglise tout simplement. Depuis 1997, date où l’Eglise a établi une mission sui juris dans ce pays, le P. Andrzej Madej est le responsable d’une petite communauté de catholiques qui n’ont toujours pas de statut légal (3).