Eglises d'Asie

Au cours du mois d’avril, des grèves se sont multipliées dans les zones industrielles limitrophes de Hô Chi Minh-Ville

Publié le 18/03/2010




Les premiers mois de l’année 2006 avaient été marqués par de très nombreux arrêts de travail et des mouvements sociaux qui avaient touché divers types d’entreprises sur la totalité du territoire. Il semble que le même mouvement se poursuive cette année. L’organe des syndicats officiels du Vietnam, Nguoi Lao Dông (‘Le Travailleur’) du 13 avril signalait que, ce jour-là, 1 700 ouvriers d’une entreprise de Hai Duong et 1 100 travailleurs d’une usine de Huê avaient entamé un mouvement de grève. Selon les informations publiées par ce même journal, pour le seul mois de mars 2007, 35 grèves ont éclaté au Vietnam. Pour la plupart, elles ont eu lieu dans deux provinces limitrophes de Hô Chi Minh-Ville, la province du Dông Nai (25 arrêts de travail) et la province de Binh Duong (5 arrêts). La presque totalité de ses mouvements sociaux ont été menés par le personnel d’entreprises à capitaux étrangers (33 arrêts de travail).

Selon l’organe des syndicats, « les principaux motifs de ces arrêts de travail ont été les bas salaires, le retard dans le versement de ces émoluments, le surcroît de travail auquel ont été soumis les travailleurs ». Le même journal fait cependant remarquer que « certaines grèves ont été provoquées non pas pour des motivations économiques mais parce que les employeurs avaient porté atteinte à la dignité des travailleurs, comme ce fut le cas par exemple dans l’entreprise ILIO de Hai Phong, ou parce qu’ils n’avaient pas donné satisfaction aux justes revendications des employés, comme dans l’entreprise Non Dai Xin de Hô Chi Minh-Ville où plusieurs grèves ont eu lieu ».

Pourtant, le droit du travail aujourd’hui en vigueur ne permet pas aux travailleurs de se mettre en grève si les syndicats officiels n’en ont pas pris l’initiative. Un projet d’amendement de ce droit est à l’étude, mais il est vigoureusement critiqué par les syndicats officiels eux-mêmes. En attendant le vote d’une nouvelle loi, le ministère du travail prépare un arrêté qui considère la plupart des grèves comme illégales. Les nouvelles dispositions précisent que la grève est interdite dans les entreprises manufacturant des produits ou fournissant des services d’utilité publique, les entreprises d’importance capitale pour l’économie ou encore pour celles en rapport avec la sécurité ou la défense nationale.

De plus, le projet d’arrêté détermine les indemnités qui seraient accordées aux entreprises ayant subi des dommages, du fait d’une grève déclarée illégale par la justice populaire. Le financement de ce dédommagement sera assuré grâce à un prélèvement sur le salaire mensuel des travailleurs, un salaire qui ne pourra cependant être amputé de plus de 30 %.

Selon une étude menée par l’Institut des Sciences Sociales, citée par Vietnam Infos (1), la première grève de la République socialiste du Vietnam a éclaté en 1990. A partir de 1994, elles se sont multipliées et elles ont pris une ampleur considérable entre novembre 2005 et juin 2006, les travailleurs engagés dans ces mouvements sociaux étant de plus en plus nombreux. Une des grèves a mobilisé jusqu’à 18 000 travailleurs. La durée des arrêts de travail s’est allongée, pouvant atteindre jusqu’à une semaine. L’époque la plus propice à ce genre de mouvements sociaux est l’époque du Nouvel An lunaire, où les besoins financiers se font plus pressants. Selon le rapport de l’institut, les grèves de cette année se sont pour la plupart déroulées sans tenir compte des dispositions législatives citées plus haut, comme en 2006.