Eglises d'Asie

Dans le cadre du synode de l’Eglise protestante des Moluques, quarante pasteurs ont été invités à séjourner chez d’autres Indonésiens de religion ou de confession différentes

Publié le 18/03/2010




Dans le cadre de son synode, l’Eglise protestante des Moluques (GPM) a récemment invité quarante pasteurs à séjourner pendant une journée entière chez d’autres Indonésiens de confession ou religion différentes, ce programme étant présenté comme faisant partie intégrante de leur formation permanente. Certains participants ont ainsi été amenés à passer une journée et une nuit dans une pesantren (1), un monastère catholique ou chez des familles musulmanes d’Amboine.

Lorsque la nouvelle est parvenue aux pasteurs, beaucoup étaient encore assaillis par les souvenirs douloureux des conflits intercommunautaires sanglants qui ont frappé la région de 1999 à 2002 et fait plusieurs milliers de morts chez les chrétiens et les musulmans, ainsi que des centaines de milliers de réfugiés. Des pasteurs ont bien tenté de réduire l’expérience à une journée, mais le Rév. Jacky Manuputty et le responsable musulman, Ustad Abidin Wakano, tous deux membres du Conseil interreligieux des Moluques et initiateurs du programme, ont réussi à les convaincre de rester pour la nuit.

« Il est inutile de parler de pluralisme ou de dialogue interreligieux si nous manquons de confiance pour abattre des barrières liées aux différences religieuses, a déclaré le Rév. Manuputty, au Jakarta Post (2). Depuis qu’à Amboine, la situation est redevenue normale, les gens de religions différentes ne se croisent que dans les lieux publics. Ils n’ont pas encore fait l’expérience de passer une nuit chez des fidèles d’une autre religion. Nous avons volontairement mis en place ce programme pour briser la glace et éliminer le climat de suspicion. »

« Une nuit, ce n’est pas assez », estime le pasteur Douglas Aponno, après avoir passé une nuit dans la pesantren d’Ahuru. S’il avoue avoir préalablement ressenti de l’appréhension à l’idée d’aller passer une journée complète dans une école coranique à Ahuru, où, pendant les émeutes des années passées, plus de 500 maisons et lieux de culte avaient été incendiés, il confie qu’une fois arrivé dans l’école, il s’est tout de suite senti à l’aise et a parlé avec ses membres.

D’autres pasteurs, qui ont également séjourné dans des communautés musulmanes, ont précisé que les musulmans d’Amboine avaient un désir réciproque d’instaurer un dialogue avec les communautés chrétiennes. Ils ont d’ailleurs été invités à revenir passer du temps auprès d’eux. Un autre s’est dit impressionné par la forte spiritualité des frères contemplatifs du monastère catholique où il a séjourné.

Pour le Rév. John Ruhulessin, les leaders religieux ont un grand rôle à jouer dans le dialogue interreligieux. Il précise que s’il a de bons rapports avec le chef du Conseil des oulémas et avec Mgr Mandagi, évêque catholique d’Amboine, le dialogue interreligieux à la base reste encore limité. Il espère cependant « que le clergé utilisera cette expérience comme fer de lance sur le terrain ».