Eglises d'Asie

Goa : l’Eglise catholique critique le rapport gouvernemental relatif aux attaques intercommunautaires de 2006 qui ne permet pas d’en identifier les auteurs

Publié le 18/03/2010




La publication du rapport gouvernemental, le 20 mars dernier, au sujet des violences intercommunautaires qui ont frappé Curchorem et Savordemen, dans l’Etat de Goa, en 2006, a suscité les critiques des responsables de l’Eglise catholique. Après une année d’enquêtes, le rapport a conclu que les violences commises contre les musulmans avaient été « préméditées », mais qu’il n’a pas été possible d’identifier « les personnes ou les groupes responsables », faute de « preuves tangibles ».

« Nous nous attendions à un tel rapport du gouvernement, car aucune instance n’avait auparavant publié de rapport d’enquête », a déclaré le P. Maverick Fernandes, responsable du Conseil pour la justice sociale et la paix, de l’archidiocèse de Goa (CSJP), le 24 mars dernier, ajoutant que ce rapport portait « un coup rude à la paix ».

Le 3 mars 2006, des vandales avaient pillé dix-huit magasins et une station-service et avaient endommagé 24 véhicules appartenant à des musulmans (1). Ces violences, qui avaient duré trois jours, avaient fait cinq blessés et des familles musulmanes avaient dû fuir. Peu après les émeutes, le ministre-président Pratapsing Rane avait condamné les violences, les attribuant aux extrémistes hindous, principaux suspects dans cette affaire (2).

Pour Ramesh Gawas, hindou et président de l’association Initiative pour une harmonie entre les communautés, les méthodes utilisées pendant les enquêtes sont discutables car les victimes de violences devaient venir dénoncer les commanditaires : « La plupart des victimes ont préféré garder le silence et se tenir à l’écart de l’enquête », de peur de représailles.

Selon le P. Emidio Pinto, curé de paroisse, ce rapport qu’il qualifie de « très étrange » montre bien que le gouvernement cherche « à faire plaisir à tout le monde », en ce temps de campagne électorale pour les élections législatives prévues en mai prochain et la réticence du gouvernement à trouver les coupables risque d’enhardir les fauteurs de troubles.

Iqbal Mohiddin, responsable musulman, s’est dit pour sa part soulagé que ses coreligionnaires aient été blanchis par ce rapport. Enfin, selon un fidèle catholique, les émeutes ont en réalité pour origine le fait que les hindous acceptent mal que les musulmans contrôlent les marchés de légumes de la région de Goa.